Samedi 5 janvier 1918
Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (mobilisé)
5 Janvier18
Mon cher petit Louis,
Il me semble que je ne te gâte pas de lettres. Je suis en retard avec tout le monde, mon stock de lettres à répondre augmente chaque jour et je ne fais rien pour le faire diminuer, car lorsque je suis à la maison, je ne cesse d’avoir quelqu’un. Tu te plains que l’on ne t’envoie pas de gâteries sucrées à l’instar de tes camarades. J’avoue que je m’étais reposée de ce soin sur tes sœurs[1] qui ont pris l’habitude de cette initiative et je sais que, depuis l’arrivée de ta lettre, elles l’ont fait, je me suis donc abstenue pensant que la trop grande abondance te gênerait presque autant que la disette.
Nous espérons te voir arriver bientôt et nous en réjouissons dès maintenant. J’espère que tu ne seras pas auparavant changé en glaçon. Le froid doit être rigoureux dans vos parages, étant donné qu’il est déjà ici assez sévère.
Nous avons appris ce matin par une navrante lettre de Cécile[2] que Max est envoyé dans la Prusse orientale, deux fois plus loin qu’il ne l’était à Torgon[3] ! Cela paraît être en représailles car tous les officiers sont renvoyés de Torgon en trois groupes affectés à des camps différents. Quelle triste réalité après le rêve tant caressé de se retrouver en Suisse !
Ton papa[4] part pour la poste, je lui donne vite ma lettre.
Bonnes nouvelles de Jacques[5] qui est arrivé à rejoindre sa section après 64 h. de voyage.
Nous ignorons toujours où est Pierre[6].
Je t’embrasse tendrement cher petit.
Emy
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Samedi 5 janvier 1918. Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (mobilisé) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_5_janvier_1918&oldid=53818 (accédée le 15 novembre 2024).
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