Samedi 22 février 1919
Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (mobilisé)
22 Février 19
Mon cher Louis,
Les lettres, dis-tu, sont longues à t’arriver. Je me demande si celle-ci t’apportera les souhaits que je fais aujourd’hui pour ta 25e année avant que tu sois venu les recevoir à domicile. J’espère presque que non, quoique tu nous fasses prévoir un léger retard de ta permission à cause de votre déplacement.
J’espère que cette 25e année qui commence avec les préliminaires de la paix en verra la conclusion… d’aucuns émettent des doutes à cet égard, mais ce sont les pessimistes et nous les laissons dire. En tous cas elle sera pour ta carrière une année importante et je veux espérer qu’elle te verra tout d’abord, passivement ou activement, conquérir ton titre de licencié ès lettres. Je fais bien des vœux pour qu’elle ne se termine pas sans t’avoir éclairé la route, sinon mis en possession d’une occupation stable et productive.
Mais quoi qu’il en soit de l’avenir, il convient bien, en changeant d’année, de se tourner vers le passé pour remercier Dieu d’avoir permis d’abord que tu voies la fin de ta 24e année, et, remontant plus haut, de t’avoir pendant ces 24 ans, entouré de tant de bonheur, de tant de facilités matérielles et morales pour faire de toi ce que tu es. Ce devoir de reconnaissance, je ne l’oublie pas et toi non plus, je pense.
Geo[1] a fait semblant d’avoir la grippe, mais c’était pour rire : histoire de nous tenir en haleine et d’affoler un peu son papa[2] au retour de Lille. Aujourd’hui c’est la fillette de Germaine[3] qui a la varicelle, nous nous attendons un peu à y voir passer les 4 petits[4] qui ne l’ont pas encore eue, ce qui nous tiendrait bien longtemps à l’écart des CD[5]. Ce serait plus ennuyeux que grave.
Je reproduis sur mon enveloppe l’adresse que porte la tienne bien que tu n’attires pas mon attention sur ce petit coin. Peut-être, me dis-je, ma lettre arrivera-t-elle plus vite ainsi.
Je t’embrasse très tendrement, mon vieux Benjamin[6], mais Benjamin tout de même et je t’envoie les vœux affectueux de ton papa[7].
Emy
Notes
- ↑ Geo, Georges Degroote (7 ans).
- ↑ Henri Degroote.
- ↑ Germaine Legrand, veuve de Alphonse Painthiaux et mère de Marie Louise Painthiaux ; elle est au service des Froissart.
- ↑ Quatre enfants Degroote ?
- ↑ La famille de Madeleine Froissart et son époux Guy Colmet Daâge.
- ↑ Louis est le plus jeune des six enfants Froissart.
- ↑ Damas Froissart.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Samedi 22 février 1919. Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (mobilisé) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_22_f%C3%A9vrier_1919&oldid=60836 (accédée le 14 novembre 2024).
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