Mardi 14 janvier 1919 (B)

De Une correspondance familiale

Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (mobilisé)

original de la lettre 1919-01-14B pages 1-4.jpg original de la lettre 1919-01-14B pages 1-4.jpg


14 Janvier 19

Mon cher Louis,

La panne de correspondance qui m’avait fait pousser un gémissement est passée, nous recevons maintenant tes lettres régulières, abondantes et gentilles dont nous te sommes très reconnaissants.

J’ai eu de tes nouvelles hier d’une singulière façon. Je me suis rencontrée chez les Le Gallais avec une dame que l’on me présente sous le nom de Mme Audéoud[1] ; immédiatement je lui demande si elle est parente avec Mlle A. d’Avolsheim. C’est ma bonne cousine Marie[2] ! Et le fils[3] de cette dame, jeune lieutenant du 32e d’Artillerie de s’écrier : « Vous êtes la mère du LieutenantFroissart, mais je l’ai vu chez ma tante où j’ai passé la fête de Noël ! ma tante en raffole, il l’a aidée à faire son arbre de Noël, tout le monde là-bas le trouve charmant. » Je lui ai demandé s’il était le neveu dont la visite t’avait ému pour les effusions du revoir et c’est certainement lui, lieutenant Michel Audéoud. Décidément le monde est petit.

Jacques[4] est arrivé hier soir pour 20 jours qui en feront 26 (jusqu’au 8 Janvier). Henri[5] arrivé ce matin. Il est affolé d’apprendre que Lucie[6] a été souffrante, et voulait partir dès ce soir, mais Lucie nous supplie de le garder loin de l’air de grippe et, d’après sa dernière lettre elle n’a eu qu’un fort accès de fièvre qui n’aura pas de mauvais lendemain. Mais les enfants[7] vont-ils y passer ?...

Armand[8] est de retour avec 40 jours de permission pendant lesquels il aura sa démobilisation et le départ pour la Tunisie ne tardera probablement pas beaucoup.

Je t’ai envoyé aujourd’hui les Hasards de la Guerre[9]. Quant aux gants, la peau de lièvre est décidément inabordable, même pour le petit Jésus et je t’envoie de simples gants fourrés qui coûtent le prix de la peau de lièvre de l’an dernier !... Quel malheur que tu en aies perdu un.

Je t’embrasse tendrement, mon bon petit.

Emy


Notes

  1. Élisabeth de Maud'huy, épouse de Charles Audéoud.
  2. Marie Audéoud.
  3. Michel Audéoud.
  4. Jacques Froissart, frère de Louis.
  5. Henri Degroote.
  6. Lucie Froissart, épouse de Henri Degroote.
  7. Anne Marie, Georges, Geneviève, Odile et Yves Degroote.
  8. Armand Caruel.
  9.  Les Hasards de la guerre (1913), par Jean Variot (1881-1962), journaliste, auteur et adaptateur de théâtre de tradition populaire ; il a recueilli des légendes alsaciennes.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mardi 14 janvier 1919 (B). Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (mobilisé) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_14_janvier_1919_(B)&oldid=52685 (accédée le 18 décembre 2024).

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