Lundi 30 octobre 1854

De Une correspondance familiale

Lettre de Caroline Duméril (Paris) à sa cousine Adèle Duméril (Paris)

Original de la lettre 1854-10-30-page1.jpg Original de la lettre 1854-10-30-page2.jpg Original de la lettre 1854-10-30-adresse.jpg


Lundi 30 Octobre 54

Que de choses se sont passées, ma chère Adèle, depuis le dernier soir où j’ai eu le plaisir de te voir ; il me semble qu’il y a déjà bien, bien longtemps que tu es malade et que je n’ai mis les pieds au jardin[1]. Quelle idée aussi à toi d’avoir accueilli cette bête de maladie[2] comme tu l’as fait ! la voilà qui arrive, on ne sait ni d’où, ni par où, enfin comme un vrai cheveu sur la soupe ; toi qui es toujours si aimable, tu la reçois à bras ouverts, tu lui fais mille politesses, tu la dorlotes tout de suite dans ta couchette et l’horreur qui trouve tout cela très bon s’installe immédiatement, elle fait venir aussi sans se gêner ses deux fils aînés le mal de gorge et le mal de tête et à eux trois, ils s’emparent non seulement de ton lit, non seulement de ta chambre mais de toute la maison entière ; ils vont jusqu’à nous empêcher d’entrer chez bon-papa[3] et nous menacent même si nous désobéissons de s’introduire chez nous et d’y établir leur domicile. Voilà un excès d’audace et de malhonnêteté que je trouve incroyable et qui me met fort en colère contre toute la famille des éruptions ; ne va pas leur dire ça pourtant, car pour se venger et me punir ils n’auraient qu’à m’attaquer et je n’y tiens pas le moins du monde ; ainsi mettons que je n’ai rien dit, cependant je te soufflerai tout tout bas dans le tuyau de l’oreille : dépêche-toi de faire maison nette et à l’avenir regarde bien les gens entre les 2 yeux avant de te lier ainsi avec eux et de les recevoir chez toi.

Je n’y vois plus chère Adèle, aussi vais-je me taire mais je suis bien aise d’avoir déchargé ma colère et de t’avoir tout raconté.

Au revoir, chérie, à demain ; je causerai beaucoup plus longtemps avec toi je te le promets.

Reçois malgré tout un bon baiser de ta dear Crol


Notes

  1. Auguste Duméril, père d’Adèle, et sa famille habitent auJardin des Plantes.
  2. Adèle Duméril est atteinte de la fièvre scarlatine.
  3. André Marie Constant Duméril, grand-père d’Adèle et de Caroline, habite également dans le Jardin des Plantes.

Notice bibliographique

D’après l’original

Annexe

Mademoiselle Adèle Duméril

13 rue Cuvier

Paris

Pour citer cette page

« Lundi 30 octobre 1854. Lettre de Caroline Duméril (Paris) à sa cousine Adèle Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_30_octobre_1854&oldid=48203 (accédée le 19 avril 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.