Lundi 21 août 1916 (B)
Lettre de Damas Froissart (Campagne-lès-Hesdin) à son fils Louis Froissart (Camp de La Braconne)
Brunehautpré, 21 août 1916
Mon cher Louis,
J’ai reçu ta lettre du 17 août et le décompte de 41F50 « valeur après le Règlement » qui paraît t’avoir été envoyé par le Crédit Industriel et Commercial (66 rue de la Victoire), à la date du 8/8.
Mais on me renvoie de Paris un compte de même ordre adressé le 17 août « Valeur 17 août ».
L’une et l’autre pièce paraissent concerner « M. Froissart 29 rue de Sèvres » sans indication de prénom : pourquoi la 1ère est-elle allée à toi et la 2e à moi, je l’ignore.
Quoi qu’il en soit, je crois me rappeler que pour que cette opération puisse se faire tu as dû envoyer l’acte de naissance que nous avons fait dresser pour toi, non sans quelque peine, pour témoins, il y a 2 mois.
Faut-il croire que cet acte de naissance doit nécessairement rester dans quelque Bureau ou, au contraire, peut-on te le renvoyer ? Pour le savoir, il faut le demander.
Tu aurais avantage à le récupérer pour pouvoir t’en servir en vue de faire supprimer sur ton nouveau titre de Rente 5% que tu es mineur et pour établir que, par suite, tu n’es plus sous la tutelle paternelle. Il vaut mieux en finir.
Je n’ai pas ton titre 5% ici : il est à Paris avec le mien dans le coffre, mais sur tes indications ta mère[1] pourrait le prendre et le porter au Crédit industriel et commercial un de ces jours si consulté par toi il te répondait qu’il a bien ton acte de naissance, mais qu’il a dû le déposer à tel Bureau du Ministère des finances qui ne peut le rendre.
Tu leur demanderais, s’ils ne peuvent pas, sachant où est cet acte de naissance au Ministère ou ailleurs, faire le nécessaire pour que, en rapprochant ton titre de Rente 5% de l’acte de naissance, [on puisse] être tenté de supprimer la mention en question.
J’aurais bien envoyé le titre et écrit au Crédit Industriel et Commercial, mais comme c’est toi qui leur as envoyé ton acte de naissance et qu’on doit connaître ton écriture, il vaut mieux que ce soit toi qui leur écrives encore.
Si on te renvoie, par hasard, l’acte de Naissance, nous pourrons demander à M. Fay de faire supprimer la mention que tu es en tutelle : tu m’enverras alors l’acte de naissance.
La même opération est à faire pour Michel et Pierre[2].
Tes opérations financières continuent à être assez absorbantes quoi que ne roulant pas sur des gros chiffres.
Tu pourras encore dire au Crédit [Foncier soit de t’envoyer] les fonds restant après ces nouvelles démarches, soit de les faire [passer] à [ ] Crédit à la Société Générale ] à Paris [ ] lors du [versement].
Je crois que celui que tu appelles Cleysse s’écrit Claeyssens mais se prononce Cleysse.
Oh ces terribles prononciations, impossible de comprendre un mot quand je parle à un Anglais, je comprends mieux quand c’est écrit.
L’équipage de pont qui tient garnison à Dommartin a proposé depuis 15 jours des courses et autres distractions hippiques auxquelles j’ai assisté sur invitation aujourd’hui avec Paul Froissart, [et M.] Tréca ; Marguerite[3] et Cécile[4] qui avaient comme les autres déjeuné ici ont eu le tort de retourner directement à Bamières.
Effectivement Messieurs Huet[5] et Claeyssens [parents] sont associés pour une affaire de filature et peut-être tissage à Rouen : les jeunes gens doivent être heureux de se retrouver.
J’ai connu un peu le général Lévy (à Dunkerque ou ailleurs).
Ta mère ne regagne que demain Paris où tu la croyais déjà arrivée. Le jeune Maurice Dupont devenu fantassin a été blessé en 5 endroits, on croit qu’il s’en tirera assez facilement.
Mille amitiés
D. Froissart
Rien de bien nouveau. La pluie gène les fauchages sans qu’il y ait eu jusqu’ici de très gros dégâts, mais tout est mûr et un coup de vent ferait déjà tomber beaucoup de grains par terre.
Aujourd’hui nous recevons à déjeuner nos Anglais de Dommartin ou plutôt le Major, le Capitaineet l’interprète bien nécessaire pour la conversation.
J’écris aux Colmet Daâge que tout est calme ici et qu’il faut qu’ils viennent passer [au moins] le mois de septembre !
Je remets à ta mère la correspondance avec le Crédit industriel et Commercial échangée ces jours derniers.
DF
Notes
- ↑ Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart.
- ↑ Michel et Pierre Froissart, frères de Louis.
- ↑ Probablement Marguerite Dambricourt, épouse de Jean Froissart.
- ↑ Probablement Cécile Dambricourt, épouse de Maximilien Froissart.
- ↑ Possiblement André Huet associé à Claeyssens, filateurs.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Lundi 21 août 1916 (B). Lettre de Damas Froissart (Campagne-lès-Hesdin) à son fils Louis Froissart (Camp de La Braconne) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_21_ao%C3%BBt_1916_(B)&oldid=55417 (accédée le 21 novembre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.