Lundi 16 octobre 1899 (A)

De Une correspondance familiale



Carte d’Hélène Duméril (Paris), à sa tante Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (château de Livet dans l'Orne ?)


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Paris 16 Octobre 99.

Quand ma lettre te parviendra petite Tante chérie, tu sauras probablement déjà par Oncle Marcel[1] la grande nouvelle. Ce bon Oncle est arrivé chez nous ce matin de bonne heure et paraissait bien heureux. Malgré tout mon désir de t’écrire plus tôt, je n’ai pu trouver encore un instant pour le faire, M. de Place[2] étant chez nous presque constamment depuis hier. Tout cet été je n’ai plus voulu te reparler de mes petites affaires, après t’avoir fait partager tous mes moments d’anxiété, je tenais à te laisser tranquille jusqu’au jour où je pourrais t’annoncer enfin que ma résolution était prise. J’ai eu assez de mal à me remettre de ma terreur de Juillet ; cette entrevue avait eu lieu dans de mauvaises conditions, j’étais fatiguée et énervée par la chaleur et mes longues semaines de réflexions, et tu sais comment, lorsque je me suis trouvée au pied du mur, je n’ai pas eu le courage de dire mon oui.

Mais lorsqu’on m’a dit que M. de Place persévérait malgré tout j’ai bien senti que je ne retrouverais plus une affection aussi sérieuse et profonde, et après avoir encore bien prié je me suis décidé à le revoir. Maintenant je suis une heureuse fiancée, je t’assure, et je crois qu’il y a maintenant des grâces d’état, car tous les vilains moments de trouble et d’inquiétude me paraissent envolés au loin, et c’est de tout mon cœur que j’ai donné mon affection à M. de Place pour qui j’avais déjà tant d’estime et de sympathie. Merci encore, car c’est bien à vous en partie que je dois mon bonheur. Je regrette de ne pas t’avoir ainsi que mon Jeannot[3] et de ne pouvoir vous embrasser toutes deux. Je le fais de loin très tendrement, chère petite Tante. À bientôt j’espère

ta petite Hélène


Notes

  1. Marcel de Fréville.
  2. Guy de Place.
  3. Jeanne de Fréville.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Lundi 16 octobre 1899 (A). Carte d’Hélène Duméril (Paris), à sa tante Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (château de Livet dans l'Orne ?) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_16_octobre_1899_(A)&oldid=54072 (accédée le 21 décembre 2024).

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