Lundi 13 novembre 1876

Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)

Lundi matin

Mon cher Papa,

Je te disais hier au soir en terminant que Jean s’était subitement trouvé indisposé ; la fièvre a été très forte toute la nuit et il se plaint continuellement d’un violent mal de tête, on espère bien que ce ne sera que ce qu’il a déjà eu tant de fois ; cependant tante l’a tout de suite emmené en voiture chez sa maman car s'il devait être malade il ne serait pas ici dans de bonnes conditions ; c’est désolant de le voir souffrant dès qu’il est à Paris lui qui s’est si bien porté pendant tout son temps de campagne. M. Dewulf est venu le voir et ne s’est pas prononcé, il faut attendre ; nous irons dans la journée prendre de ses nouvelles.

Quel beau temps ! je t’écris à la fenêtre ouverte par laquelle entre un bon air chaud, c’est charmant, il pleut toute la nuit puis quand le matin arrive il fait de nouveau beau ; cependant le baromètre est bien bas.

Je viens d’apprendre ma géographie puis de bâtir un rideau p^our tante ou plutôt p^our M. Edwards qui veut arranger tout cela lui-même et qui donne de la sorte je crois, bien plus de mal à tante qu’elle n’en aurait à le faire elle-même, il faut toujours faire et défaire. Nous devions aller faire des courses dans la journée afin de reporter le manteau et le chapeau d’Émilie qui viennent de deux magasins différents et qui tous deux sont infiniment trop grands pour elle je les mets parfaitement.

Au revoir, mon bon petit Papa, je vais reprendre mon travail mais auparavant je t’embrasse de toutes mes forces comme je t’aime.

ta fille qui n’a pas de dispositions pour la géographie.

Marie

Il était inutile de signer je crois que tu la connais cette fille-là.

Tante me charge de bien te remercier pour ta lettre.

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Notice bibliographique

D’après l’original.