Jeudi 20 octobre 1791

De Une correspondance familiale

Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à sa mère Rosalie Duval (Amiens)

lettre du 20 octobre 1791, recopiée livre 1 page 76.jpg lettre du 20 octobre 1791, recopiée livre 1 page 77.jpg


N°22

Rouen ce 20 8bre 1791

Maman,

J’ai reçu le paquet que vous m’avez fait passer, le 17 du courant. J’y ai trouvé tout ce que vous me mandiez dans votre lettre et même plus parce que la note n’était pas exacte. Les serpillières[1] font tout à fait mon affaire. J’espérais plus de bas de laine que je n’en ai reçu, les moitiés noirs seront-ils bien bons ? Je ne sais : ils m’ont l’air bien clairs. Vous m’avez bien donné une doublure pour ma culotte, mais vous m’avez donné justement que la même longueur de futaine que d’étoffe noire, où trouvera-t-on des goussets ? j’en voudrais bien de peaux, vous en avez ; faites-m’en passer pour mon gilet. Il faudra aussi une doublure, et le dos de l’habit que je n’ai pas, il faudra le garnir. Quelle étoffe y mettrons-nous ? Mais auparavant sachez que toutes les laines sont enchéries et qu’il n’y a aucune espèce de draps ni d’étoffes de laine quelconque qui n’ait supporté une enchère, depuis 5ll jusqu’à 6ll surtout les draps de Louviers et d’Elbeuf parce que toutes les laines qu’on emploie viennent d’Espagne et que les Espagnols ne veulent pas d’assignats. Il paraît que cette ou ce <Carmouque> dont vous parlez, d’après ce qu’a dit le tailleur, vaut ici 20 à 21ll l’aune et que deux aunes seront bien justes pour faire une redingote. Si vous pouviez m’avoir quelques étoffes d’Amiens. Je ne dirai pas du velours de coton... donnez-moi réponse le plus tôt possible parce que plus nous avancerons vers la Toussaint plus les tailleurs seront pressés et plus tard je serai servi, car ils ont la noble accoutumance de faire attendre, à ce qu’on m’a dit, jusqu’à un mois. C’est un peu insolent, surtout quand on attend après ainsi ne m’oubliez pas, je vous prie. Voilà la circonstance la plus heureuse possible : une parente à M. Legendre Marchande de bas était dans la boutique de notre voisin Marchand de bas, avec lequel elle fait des affaires. Je l’ai aperçue et vite je l’ai été prier de vouloir bien se charger de la présente. Ce qu’elle a bien voulu, ainsi je clos ma lettre, et vous souhaite bonne santé en vous embrassant.

Votre fils Constant Duméril

P.S. Si vous me faites passer quelque chose par le messager, mettez-y l’herbier de Mme Carbon, un filet à oiseau que j’ai déjà demandé, car sachez que le plus petit paquet coûte 10s jusqu’à 25 <et depuis 25 jusqu’à 50[2]>, et quelque chose pour le garçon ainsi ne m’oubliez pas. Réponse par la poste à l’adresse que voici : une lettre enveloppée dans un papier comme la gazette avec cette adresse à M. Thillaye et la lettre enveloppée avec un cachet de cire à M. Bosc secrétaire de la Surintendance des postes à Paris.


Notes

  1. Tablier long fait d’une toile grossière et lâche en fil d’étoupe.
  2. Le copiste a sans doute fait une interprétation erronée de la minuscule écriture et des abréviations d’André Marie Constant Duméril. Il a écrit « 50 francs 15s », ce qui semble une somme exagérément élevée.

Notice bibliographique

D’après le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 1er volume, p. 76-77

Pour citer cette page

« Jeudi 20 octobre 1791. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à sa mère Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_20_octobre_1791&oldid=39946 (accédée le 19 mars 2024).

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