Jeudi 13 août 1868 (A)

De Une correspondance familiale


Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son épouse Eugénie Desnoyers (Paris)


original de la lettre 1868-08-13A page1.jpg original de la lettre 1868-08-13A page2.jpg original de la lettre 1868-08-13A page3.jpg original de la lettre 1868-08-13A page4.jpg


CHARLES MERTZDORFF

AU VIEUX THANN

Haut-Rhin[1]

Jeudi midi

Ma chère Amie

J'ai bien reçu tes 2 lettres et je puis t'assurer que je les ai lues et même relues comme ses sœurs. Si je ne t'ai parlé école c'est que je comptais le faire lorsque tu seras à Paris et comme te voilà en route pour la capitale, il n'y a pas de temps à perdre.

Ci-joint le plan que tu connais et comprends, tu n'as donc pas besoin d'explications. Ce qui m'embarrasse c'est de meubler mes salles.

<1°> salle d'asile je compte y mettre assez de gradins pour loger 120 enfants, au moins. D'après la sœur[2] les gradins à Vieux-Thann qui ont 45 centimètres de large[3], ne sont pas assez larges ; <aussi> l'enfant du bas est assis sur les pieds de celui qui est au-dessus de lui. Je compte donner une largeur de 0,55 m, soit 10 centimètres de plus. Est-ce bien ?

Maintenant tu sais que pour monter et descendre ces gradins, l'on laisse au milieu un couloir de 1 m de large, et des 2 côtés vers les murs, 0,50 m ; ces couloirs sont simplement les mêmes gradins qui vont d'une pièce d'un mur à l'autre. Ce qui fait couloir ce sont les enfants qui assis laissent ces places libres. C'est par là que les enfants circulent. Le recteur[4] me fait observer que cette circulation sur des marches occasionne souvent des accidents. La sœur n'en connaît pas. Je me demande comment remplacer ces marches. Est-ce un plan incliné ?

Restons au rez-de-chaussée.

Comment meubler et arranger la classe des petits enfants de 6 à 7 ans qui ne font qu'apprendre à lire & auxquels je voudrais encore faire faire de petites promenades dans le préau, c'est pour cela que ce dernier se trouve entre la salle d'asile où l'on ne fait qu'occuper les enfants & cette petite école (garçons & filles) que l'on prépare à entrer dans les écoles.

Ce serait une 2de salle d'asile. A-t-on de ces écoles ? Comment asseoir les enfants, faut-il des bancs et pupitres devant pour écrire, comme dans les écoles ordinaires ? ou des gradins ?

Des places vides pour former aux enfants des cercles avec moniteur ?

Enfin quelle est la meilleure méthode d'apprendre à lire aux Enfants ? Comment disposer la salle pour cela ?

Depuis mon dîner voilà 3 fois que je me dispose de continuer ma lettre, sans succès ; aussi un peu libre, je vais me hâter de finir.

Pour les salles du haut, avoir le dessin des bancs[5], les hauteurs, largeurs etc. Savoir quelle disposition leur donner, quelle largeur compte-t-on pour 1, 2, 3 élèves ? ici ils sont très à l'étroit : sur une longueur de banc de 2,40 il y a 6 élèves.

Voilà ce que je me propose de faire faire sauf avis contraire[6].

passage de 50 cm le long des murs

au milieu 0.80 m

& chaque banc aurait 1,70 de long & serait disposé pour 3 élèves. Je n'aime pas les bancs longs contenant 5 et 7 élèves, il doit y avoir un peu de désordre et surtout de dérangement lorsque l'un ou l'autre doit sortir.

Une des questions embarrassante est le chauffage. où placer les fourneaux ? Quelle espèce de fourneaux ? au bois ou à la houille. Cette dernière est plus économique.

Peut-on mettre un grand fourneau entre 2 salles d'école chauffant les 2 ensemble.

Pour les lieux, il y a séparation de garçons & filles au rez-de-chaussée. au premier, il n'y aura qu'un sexe. Sa disposition est marquée, mais non les détails.

Par qui fait-on faire le nettoyage de cet endroit ?

Mais en voilà parfaitement assez ; si tu as le bonheur de rencontrer la dame[7], dans la conversation tu trouveras plus que je ne puis te tracer.

Je tiens au départ de ma lettre et il est déjà tard.

Je voulais t'envoyer un billet de 1 000 mais réflexion faite, tu trouveras à Paris si tu n'as pas.

Mon oncle[8] n'est pas encore ici ce matin, je l'ai vu hier en rentrant de Mulhouse, il était levé n'allant pas trop mal. Je l'ai engagé de demander Conraux pour savoir à quel bain il l'engageait d'aller, avant de se décider pour Wattwiller. Je n'ai pas eu un instant pour lui faire visite aujourd'hui.

Lui absent, je n'ai pas pu aller à Morschwiller comme il était convenu.

Hier en rentrant j'avais mon mal de tête habituel de Mulhouse, aussi me suis-je couché de bonne heure.

Ta femme de chambre[9] est ici.

l'on continue à 4 personnes[10] à faire les nettoyages ordonnés. Nous devrions être propres.

Mais le temps passe. Embrasse tous. Tout à toi

CharlesM.

Jeudi 4 h soir.


Notes

  1. En-tête imprimé.
  2. Probablement Germaine Damotte, sœur responsable de la salle d’asile.
  3. Voir le croquis sur le fac-similé.
  4. Louis Maggiolo.
  5. Voir le croquis sur le fac-similé.
  6. Voir le croquis sur le fac-similé.
  7. Mme Brossollet.
  8. Georges Heuchel.
  9. Victoire, nouvellement engagée.
  10. Les 4 domestiques, probablement Victoire, Thérèse Gross, Thérèse Neeff et Jean.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Jeudi 13 août 1868 (A). Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son épouse Eugénie Desnoyers (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_13_ao%C3%BBt_1868_(A)&oldid=60065 (accédée le 18 décembre 2024).

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