Dimanche 11 mai 1794 (A), 22 floréal an II
Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à son père François Jean Charles Duméril (Amiens)
N° 64
Rouen du 22 Floréal de l'an second
Papa,
Comme je vous l'avais annoncé dans ma précédente, j'ai été présenté hier à l'administration de l'hospice d'humanité ; tous les membres ont été en ma faveur, tous ont fait à mon égard ce que je ne puis appeler, moi, que des compliments. Mais que vous entendrez comme il vous plaira, je crois tout fini, point du tout, il me reste maintenant un certificat de civisme à obtenir, afin d'avoir l'agrément du département ; car c'est lui qui paye et qui reçoit le proposé par l'administration. Je serai donc fonctionnaire public pour l'instruction.
J'ai demandé et obtenu un sursis d'un mois avant d'entrer en place pour mettre Madame Thillaye dans le cas de trouver quelqu'un qui me remplace. Si vous lui écriviez ? elle s'est portée à tout cela de si bon cœur : qu'en dites-vous ?
Voulez-vous savoir maintenant quelle est la place : d'abord voilà mes titres ; ils répondent à mes fonctions : Chirurgien interne et prévôt d'Anatomie en l'hospice d'humanité de la commune de Rouen. Maintenant voilà mes fonctions d'été : partager le service des chirurgiens internes, recevoir les malades, panser les fractures, suivre les pansements les plus difficiles etc. L'hiver voilà ma besogne elle n'est pas la moins pénible. Préparer toutes les leçons d'anatomie, démontrer la leçon avant quelle soit faite, c'est-à-dire le matin ; la répéter le soir, après les démonstrations du professeur.
Voila mes avantages, m'instruire en anatomie d'une manière parfaite, car il n'est rien de tel que l'aiguillon de l'amour-propre. M'instruire en chirurgie par une pratique sûre dirigée par une saine théorie, enfin d'être payé, logé, éclairé pour m'instruire. A tout cela se mêle un peu d'honneur, car je suis le premier chirurgien, après le chirurgien en chef[1] et cela à 20 ans 4 mois.
Je vous embrasse et suis toujours votre fils Soumis Constant Duméril.
Notes
Notice bibliographique
D’après le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 1er volume, p. 134-136
Pour citer cette page
« Dimanche 11 mai 1794 (A), 22 floréal an II. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à son père François Jean Charles Duméril (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_11_mai_1794_(A),_22_flor%C3%A9al_an_II&oldid=39306 (accédée le 21 novembre 2024).
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