Dimanche 10 octobre 1880

De Une correspondance familiale



Lettre (incomplète) de Paule Arnould (Jonchery-sur-Vesle dans la Marne) à son amie Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Le Houssay dans l’Orne)


original de la lettre 1880-10-10 pages 2-3.jpg


Le Vivier. 10 Octobre 1880.

Comme tu l’avais bien calculé, ma chère Marie, j’ai reçu ta lettre, lorsque notre Henriette[1] était encore avec moi, mais c’était le jour et presque l’heure de son départ ; et je te dirai franchement que par une suite de malentendus je n’ai ouvert ta lettre que lorsqu’elle a été partie. Une réflexion qu’elle avait faite devant moi, m’ayant fait comprendre qu’elle n’était pas au courant de ton bonheur[2], je me souciais assez peu de lui soustraire la partie de ta lettre où tu m’en parlerais. Vois comme j’ai eu tort ! j’espère avoir réparé ma faute en lui écrivant tout de suite ; cependant, je n’ai pas pensé à lui dire qu’on n’en parlait que peu, et p c’est peut-être un tort. Moi aussi, ma Chérie, je pense souvent à cette belle tâche que le bon Dieu veut te confier, et je suis bien sûre que ton cher petit enfant[3] trouvera auprès du tendre cœur pour l’aimer, toutes les autres vertus qui sont nécessaires pour l’élever. Dans ce moment, je demande surtout pour toi, ma chère Marie, des grâces de bonne santé, et je suis très heureuse de penser que tu n’es pas fatiguée. Nous nous reverrons bientôt, j’espère, comme je serai heureuse de t’embrasser, ma chère Marie ! Nous partons d’ici Mercredi, et comme tu m’as parlé pour ton retour de la mi-Octobre, je pense que nous regagnerons nos pénates, presqu’en même temps. Et notre chère Émilie[4] ? Je ne sais où la poursuivre ; elle m’a envoyé, comme tu le sais probablement, un châle ravissant, et très grand ; je l’ai même dans ce moment sur mon dos, car je suis dans le jardin avec un vent que témoignent mes pâtés.

Tu ne peux te figurer quelle délicieuse huitaine je viens de passer. Monsieur, Madame, Henriette, André et Marthe Baudrillart[5] sont arrivés le Mercredi, Alfred le Jeudi, tous sont repartis le Samedi, sauf Henriette et son frère qui sont restés jusqu’au Mercredi suivant. J’ai été bien heureuse, je t’assure, de posséder ma chère Henriette pendant cette semaine. Il n’y a pas de visites, pas de causeries, pas de journées passées ensemble, qui vaillent huit jours de vie de famille en commun, et qui fassent mieux entrer dans la vie l’une de l’autre. Nous avons bien joui l’une de l’autre, nous quittant le moins possible, et profitant pour causer des plus courts instants. Ils n’ont eu que juste assez de beau temps pour voir le soleil dans les chênes, et pas assez pour leur donner beaucoup envie de se promener ; pour nous deux, naturellement, c’était le moindre de nos soucis. Sais-tu qu’on va faire à M. Baudrillart l’opération de la cataracte ;

[La fin de la lettre ne nous est pas parvenue]


Notes

  1. Henriette Baudrillart.
  2. Marie Mertzdorff- de Fréville est enceinte.
  3. Jeanne de Fréville, encore à naître (19 mars 1881).
  4. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  5. Henri Baudrillart et son épouse Félicité Silvestre de Sacy ont quatre enfants : Alfred, Henriette, André et Marthe Baudrillart.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Dimanche 10 octobre 1880. Lettre (incomplète) de Paule Arnould (Jonchery-sur-Vesle dans la Marne) à son amie Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Le Houssay dans l’Orne) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_10_octobre_1880&oldid=54292 (accédée le 18 décembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.