1788- Rapport médical sur la maladie de Jean Charles Nicolas Dumont
Monsieur Dumont, prévôt de Vimeu, âgé d’environ soixante ans, s’est trouvé au commencement du mois de mars dernier, incommodé d’une indisposition avec bile épanchée caractérisée par le visage, les yeux et le défaut d’appétit ordinaire.
L’on a considéré la cause de cette maladie comme l’effet du grand travail journalier, des peines et chagrins qu’il avait eu à la suite d’un incendie général du bourg d’Oisemont où il fait sa résidence[1]. L’on a purgé sa maladie légèrement et avec les minoratifs les plus doux et réitérés tous les quatre à cinq jours pendant quinze jours. La vésicule du fiel a paru faire mieux les fonctions, le visage est devenu plus coloré, les yeux dans leur état naturel, l’appétit à l’ordinaire. Le malade se trouvait content et agissait à ses affaires.
Cette satisfaction n’a point duré longtemps. Le malade est retombé dans un malaise et dans une nouvelle disposition à l’ictère et les pieds jusqu’à la partie moyenne des jambes enflés sous œdème. Monsieur Boulon, docteur en médecine à Abbeville fut pour lors consulté et a ordonné l’usage d’une potion faite avec <Loxinus> fertilique, tartre vitriolé, sel <potichorte>, eau de menthe spiritueuse, infusion d’eau de turquette et prendre de quatre en quatre heures une cuillérée.
La seconde ordonnance du même médecin fut l’usage de l’opiat composé de safran de mars apéritif, rhubarbe, cloporte, salep[2], conserve d’Aulne, Borax, et sirop de chicorée.
Cet opiat faisait tout l’effet que le médecin pouvait désirer… mais tous ces remèdes n’ont point empêché l’enfle des jambes d’augmenter… le malade ne dormait point, il avait des oppressions considérables et ne pouvait qu’être assis dans son lit, et mieux encore étant levé.
Enfin il paraît que l’engorgement se communique aujourd’hui jusque dans le cerveau, il est dans un assoupissement continuel, il ne parle qu’avec beaucoup de gêne, l’inspiration gênée, les forces se perdent et l’appétit totalement…
Voici le précis de l’état actuel du malade qui, fatigué d’avoir pris bien des petites choses nécessaires à sa maladie, s’en trouve dégoûté soit à cause du peu de succès, soit à cause de sa faiblesse.[3]
Notes
Notice bibliographique
D’après Ludovic Damas Froissart, André Marie Constant Duméril, médecin et naturaliste, 1774-1860, 1984, p. 19-20.
Pour citer cette page
« 1788- Rapport médical sur la maladie de Jean Charles Nicolas Dumont », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), URI: https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=1788-_Rapport_m%C3%A9dical_sur_la_maladie_de_Jean_Charles_Nicolas_Dumont&oldid=58022 (accédée le 3 décembre 2024).
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