Voir la source de Vendredi 7 décembre 1877

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<span class="letter-subtitle">Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)</span>

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Paris 7 Décembre 77.

Mon cher Papa,

Voilà deux fois déjà que je laisse Emilie<ref>Emilie [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]], sœur de Marie.</ref> prendre ma place, c’est très mal aussi vais-je aujourd’hui tâcher de me rattraper. Je commence par te remercier de ta bonne [[Lundi 3 décembre 1877|lettre]] mais d’après elle je vois que tu n’es pas complètement débarrassé de ton mal de pied ce qui m’ennuie bien ; c’est si ennuyeux d’être retenu par un mal quelconque surtout retenu par le pied ; je trouve que pour un homme il est plus agréable d’avoir les mains prises ; il peut aller et venir les mains prises ; il peut aller et venir et se distraire de la sorte ; pour une femme c’est le contraire, elle s’occupe plus facilement chez elle et tient plus à ses doigts. Et puis tu es un peu je crois, mon petit père chéri, comme le médecin tant-pis ; et je suis sûre bien que tu ne l’avoues pas, que rien qu’à cause de ce pauvre petit mal de pied tu te vois déjà goutteux et impotent. C’est comme M. [[Milne-Edwards, Alphonse (1835-1900), son père Henri, leurs proches et descendants|Edwards]]<ref>Henri [[Milne-Edwards, Alphonse (1835-1900), son père Henri, leurs proches et descendants|Milne-Edwards]].</ref> qui veut toujours nous prouver qu’il a une infirmité quelconque.<br />
Vilain petit Père, c’est très mal d’avoir des pensées comme celles-là. Mais je te les prête seulement peut-être ne les as-tu jamais eues ; et puis c’est très mal à une fille de faire la leçon à son père, je te demande bien pardon et pour me faire pardonner plus facilement je t’embrasse de toutes mes forces comme je t’aime et tu sais si c’est fort.

Je reprends notre journal où nous l’avons laissé (Quel malheur que l’histoire de notre vie ne soit pas plus intéressante ; car elle va exister au grand complet). Mercredi Emilie me laissait je pense à la Sorbonne nous avons eu deux leçons très intéressantes, la Chimie cependant a été plus aride que la dernière fois : c’était la nomenclature, ce pauvre M. [[Riche, Alfred (1829-1908) et ses proches|Riche]]<ref>Alfred [[Riche, Alfred (1829-1908) et ses proches|Riche]].</ref> avait l’air très fâché d’être obligé de nous dire des choses si ennuyeuses mais je il nous l’a expliqué si clairement que je suis sûre qu’avec un peu d’étude je finirai pas m’y retrouver dans les -<u>iques</u> et les -<u>eux</u>.

En sortant du cours j’ai été avec tante<ref>Aglaé [[Desnoyers, Jules (1800-1887) et ses descendants|Desnoyers]], épouse d’Alphonse [[Milne-Edwards, Alphonse (1835-1900), son père Henri, leurs proches et descendants|Milne-Edwards]].</ref> faire visite à M<sup>me </sup>[[Bert, Paul (1833-1886), son épouse Joséphine Clayton et leurs filles|Bert]]<ref>Joséphine Clayton épouse de Paul [[Bert, Paul (1833-1886), son épouse Joséphine Clayton et leurs filles|Bert]].</ref>. Tu sais quelles sont les opinions de cette famille ; ils n’ont l’air occupé que de politique. M. [[Bert, Paul (1833-1886), son épouse Joséphine Clayton et leurs filles|Bert]] quoique malade depuis 8 jours a dû faire un g<sup>rand</sup> effort p<sup>our</sup> aller demain à la Chambre. Ils sont si préoccupés qu’ils n’osent même pas faire commencer des cours à leurs petites filles<ref>Joséphine Clayton et Paul [[Bert, Paul (1833-1886), son épouse Joséphine Clayton et leurs filles|Bert]] ont trois filles : Henriette, Pauline et Léonie (encore bébé).</ref> et sa sœur ne pense plus à étudier son chant. En dehors de ses idées et de la part active qu’elle prend à la politique M<sup>me </sup>[[Bert, Paul (1833-1886), son épouse Joséphine Clayton et leurs filles|Bert]] est une femme charmante, une petite anglaise qui a avec elle une partie de sa famille entre autre sa sœur qui est très gentille et très instruite mais qui a encore tout à fait l’accent étranger. Ses petites filles aussi sont gentilles et m’ont fait penser aux petites [[Tachard, Albert (1826-1920) et sa famille|Tachard]]<ref>Possiblement Marie et Adèle [[Tachard, Albert (1826-1920) et sa famille|Tachard]] ?</ref>.

Nous sommes rentrées p<sup>our</sup> trouver M<sup>me </sup>[[Lima, Mme|Lima]]<ref>Mme [[Lima, Mme|Lima]], professeur d’allemand.</ref> qui a été plus intéressante que de coutume ; puis enfin à 6h<sup>1/2</sup> Paule<ref>Paule [[Arnould, Paule (1859-1942) et sa famille|Arnould]] avec sa sœur aînée Mathilde et ses petits frères Edmond et Louis [[Arnould, Paule (1859-1942) et sa famille|Arnould]].</ref>, Mathilde, Edmond et Louis sont arrivés et nous avons eu un dîner des plus amusants, après le dîner nous avons pris notre ouvrage Paule et moi et la jeunesse (garçons et filles) s’est mise à jouer dans l’antichambre ; mais au bout d’un instant nous avons voulu voir ce qu’ils faisaient et nous les avons trouvés au milieu d’une partie de colin-maillard tellement amusante que nous n’avons pas hésité à nous en mêler. Les petits [[Arnould, Paule (1859-1942) et sa famille|Arnould]] sont très drôles et très gentils, malheureusement à 9 heures il a fallu nous séparer à cause du collège le lendemain.

Tante Cécile<ref>Cécile [[Milne-Edwards, Alphonse (1835-1900), son père Henri, leurs proches et descendants|Milne-Edwards]], épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste [[Dumas, Ernest Charles Jean Baptiste (1827-1890) et ses descendants|Dumas]].</ref> est de nouveau dans son lit depuis 3 jours avec un fort mal de tête et des douleurs dans le dos simplement parce qu’elle a eu un peu froid ; c’est désolant elle a une mine affreuse et ne mange pas.

Hier j’ai eu mon cours d’histoire<ref>Cours d’histoire donné par M. [[Pasquier, M. (actif en 1876)|Pasquier]].</ref> et de beaux-arts<ref>Cours de beaux-arts donné par Mademoiselle [[Magdelaine, Mademoiselle (active dans les années 1870)|Magdelaine]].</ref>, à ce dernier il n’y avait que moi je te le raconterai au prochain numéro, en ce moment nous partons chez M<sup>me </sup>[[Roger, Pauline (née en 1839) et ses proches|Roger]]<ref>Pauline [[Roger, Pauline (née en 1839) et ses proches|Roger]], veuve de Louis Roger, professeur de piano.</ref> je n’ai que le temps de t’embrasser bien bien fort ainsi que bon-papa et bonne-maman<ref>Louis Daniel Constant [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]] et son épouse Félicité [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]].</ref>.<br />
ta fille qui t’aime de tout son cœur<br />
Marie
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==Notes==
<references />
==Notice bibliographique==
D’après l’original
{{Lettre 
      |id=1877-099 
      |sous-titre=Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) 
      |signataires=Mertzdorff (Marie – épouse de Fréville) 
      |destinataires=Mertzdorff (Charles) 
      |date de rédaction=7 décembre 1877 
      |personnes citées=Duméril (Louis Daniel Constant);Duméril (Félicité – épouse Duméril);Desnoyers (Aglaé – épouse Milne-Edwards);Mertzdorff (Emilie – épouse Froissart);Milne-Edwards (Henri);Milne-Edwards (Cécile – épouse Dumas);Tachard (Marie);Tachard (Adèle);Roger (Pauline – épouse Roger);Arnould (Paule – épouse Duval);Arnould (Edmond);Arnould (Louis);Arnould (Mathilde);Lima (Mme);Clayton (Joséphine – épouse Bert);Bert (Henriette);Bert (Pauline);Riche (Alfred);Bert (Paul);Clayton (famille) 
      |lieux cités=Paris;Vieux-Thann 
      }}