Voir la source de Vendredi 1er décembre 1876

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<span class="letter-subtitle">Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)</span>


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Paris le 1<sup>er</sup> Décembre 76.

Mon Père chéri,

Inutile de te dire combien nous fait plaisir la grande nouvelle que tu nous annonces ce matin et que nous espérions bien du reste. Enfin voilà oncle Léon<ref>Léon [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]].</ref> fiancé ! puisse cette demoiselle Marie<ref>Marie [[Stackler, Marie (1853-1916) et ses proches|Stackler]].</ref> faire son bonheur et être bien la femme qu’il pouvait souhaiter. Que je voudrais donc la connaître ! D’après tout ce que renferme ta lettre tu parais fort content ; comme maman<ref>Caroline [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]] (†), première épouse de Charles [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]], mère des jeunes filles.</ref> l’aurait été elle aussi que ce mariage préoccupait tant et petite mère<ref>Eugénie [[Desnoyers, Jules (1800-1887) et ses descendants|Desnoyers]] (†), seconde épouse de Charles [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]].</ref> donc ! oh ! je suis sûre qu’elles pensent bien à lui de là-haut et qu’elles obtiendront du bon Dieu de bénir cette union. Depuis ce matin je ne vis plus qu’à [[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|Vieux-Thann]], je te suis à [[Mulhouse|Mulhouse]] où je me figure de mon mieux M<sup>lle </sup>[[Stackler, Marie (1853-1916) et ses proches|Stackler]] et je t’assure que l’idée que je m’en fais est bien bonne ; combien je me réjouis d’avoir une nouvelle tante et une tante si jeune qui sera presque une amie. Je me transport ensuite au [[Les propriétés et entreprises de Charles Mertzdorff et de ses successeurs|moulin]] où j’embrasse de toutes mes forces mon cher bon-papa et ma chère bonne-maman<ref>Louis Daniel Constant [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]] et Félicité [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]], parents de Léon.</ref> qui doivent être si heureux et qui savent si bien quelle part nous prenons à leur bonheur ; je vois oncle Léon s’empressant à [[Mulhouse|Mulhouse]] et je le félicite de tout mon cœur en attendant que je le fasse directement enfin je pense à toi mon bon père chéri, toi l’agent de tout ceci, qui je suis sûre est bien content du bonheur de tous et qui en prends bien ta part ; tu ne saurais croire combien je me réjouis pour toi à la pensée de voir cette jeune bientôt ce jeune ménage auprès de toi, qui remettra un peu d’animation dans cette pauvre maison si triste maintenant, il faudra que M<sup>lle</sup> Marie tienne un peu notre place. Enfin mon petit papa je ne saurais te dire tout ce que j’éprouve ni combien de pensées gaies et tristes me traversent l’esprit depuis ce matin. Quand donc te verrons-nous ? Je comprends que tu sois bien occupé là-bas ; mais maintenant j’espère que tu vas laisser un peu les jeunes gens s’arranger ensemble et que tu n’oublieras pas tes filles<ref>Marie et Emilie [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]].</ref> qui ne t’ont pas vu depuis deux mois ; sais-tu bien que c’est aujourd’hui le 1<sup>er</sup> Décembre et que nous sommes revenues de Biarritz le 1<sup>er</sup> Octobre ? Peut-être vas-tu nous trouver toutes corrompues ; qui sait ? après si longtemps. Pour t’y préparer, je te dirai que je deviens fort paresseuse et que ce matin j’ai été bien grondée par M<sup>lle </sup>[[Duponchel, Marie Louise|Duponchel]]<ref>Marie Louise [[Duponchel, Marie Louise|Duponchel]], professeur de dessin.</ref> qui trouve que je ne fais plus rien et c’est bien vrai ; enfin maintenant que le déménagement est à peu près fini je vais tâcher de m’y remettre [sérieusement]. Que de fois ai-je déjà dit cela ! M<sup>lle</sup> Marie dessine-t-elle ? joue-t-elle du piano ? comme ce serait amusant de faire de tout cela ensemble !

Tante Cécile<ref>Cécile [[Milne-Edwards, Alphonse (1835-1900), son père Henri, leurs proches et descendants|Milne-Edwards]], épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste [[Dumas, Ernest Charles Jean Baptiste (1827-1890) et ses descendants|Dumas]].</ref> est ici et est en train de faire accrocher les tableaux et portraits ce qui n’est pas une petite affaire car presque tous les murs sont en pente ; on cause beaucoup, de sorte que je ne sais plus ce que je te dis.

Nous avons été hier au [[Cours des dames Boblet|cours]] et j’ai eu ma leçon d’histoire qui m’a beaucoup intéressée et m’a paru fort bien faite<ref>Professeur : M. [[Pasquier, M. (actif en 1876)|Pasquier]].</ref> ; j’y ai retrouvé Marthe<ref>Marthe [[Tourasse, Marthe (née en 1859)|Tourasse]].</ref> et Pauline<ref>Pauline [[Dupoirieux, Pauline (née en 1858) et sa famille|Dupoirieux]] ?</ref> à mon grand bonheur.

Adieu, ou plutôt au revoir mon Père chéri car j’espère que c’est bientôt que nous aurons le bonheur de t’avoir là à côté de nous, en attendant je t’embrasse de tout mon cœur comme je t’aime.<br />
ta fille Marie

Si j’osais je te demanderais lorsque tu verras M<sup>lle</sup> [[Stackler, Marie (1853-1916) et ses proches|Stackler]] de lui dire quel plaisir me cause cette grande nouvelle et combien je me réjouis de faire sa connaissance. Il me semble, d’après tout ce que tu me dis, que je ne pourrai pas ne pas l’aimer.
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==Notes==
<references />
==Notice bibliographique==
D’après l’original
{{Lettre 
      |id=1876-104 
      |sous-titre=Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) 
      |signataires=Mertzdorff (Marie – épouse de Fréville) 
      |destinataires=Mertzdorff (Charles) 
      |date de rédaction=1 décembre 1876 
      |personnes citées=Duméril (Léon);Duméril (Caroline – épouse Mertzdorff);Mertzdorff (Emilie – épouse Froissart);Desnoyers (Eugénie – épouse Mertzdorff);Milne-Edwards (Cécile – épouse Dumas);Tourasse (Marthe – épouse Bouquet);Dupoirieux (Pauline);Duponchel (Marie Louise);Stackler (Marie – épouse Duméril);Pasquier (M.) 
      |lieux cités=Paris;Vieux-Thann 
      }}