Voir la source de Vendredi 15 et samedi 16 décembre 1871

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__NOTOC__
<span class="letter-subtitle">Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)</span>

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[[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|Vieux-Thann]]<sup><ref>Lettre sur papier deuil.</ref></sup>

15 Vendredi

11<sup>h</sup> ½

Ma pauvre chère Gla,

C'est donc un panaris qui depuis 8 jours te fait souffrir, et Mercredi M. [[Dewulf, Louis Joseph Auguste (né vers 1811) et ses proches|Dewulf]] a dû te l'ouvrir. Pauvre chérie, combien je te plains, ça dû être si douloureux, et qu'est-ce qui a pu te causer cela ? T'es-tu piquée jusqu'à l'os sans t'en apercevoir ? Et là sous l'ongle c'est encore plus douloureux p<sup>our</sup> arriver jusqu'au mal.

<u>Soir</u>

Pour toi quelle pénitence de ne pouvoir travailler, toi qui te tailles toujours beaucoup de besogne et qui aimes la faire, en grande partie par toi-même ! Tu en as encore pour q<sup>uelque</sup> temps, et surtout c'est le froid qu'il faut éviter ; heureusement qu'aujourd'hui la température paraît changer, le thermomètre est monté à zéro ; pour maman<sup><ref>Jeanne [[Target, Jeanne (1805-1882) et ses proches|Target]], épouse de Jules [[Desnoyers, Jules (1800-1887) et ses descendants|Desnoyers]].</ref></sup> je m'en réjouis, car je suis effrayée de la savoir encore à [[Montmorency|Montmorency]] par cette saison. Elle ne peut plus faire travailler les ouvriers, tout au plus les menuisiers et encore les jours sont bien courts ; je pense que c'est la question ménage qui la retient, la difficulté de prendre un parti ? Il est bien heureux que papa<sup><ref>Jules [[Desnoyers, Jules (1800-1887) et ses descendants|Desnoyers]].</ref></sup> supporte si bien ses courses par cette saison.

Je voulais vous écrire ces jours derniers mais j'ai été comme toujours très occupée. Mercredi je suis allée à [[Mulhouse|Mulhouse]] à 11<sup>h</sup> après avoir fait travailler le matin les 2 fillettes<sup><ref>Marie et Emilie [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]] (« les enfants »).</ref></sup>, puis aujourd'hui et hier occupée des enfants pauvres, prendre les mesures &amp; ; je donnerai aux mères à faire elles-mêmes, ça a double but ; je n'ai pas le temps et puis on soigne mieux une chose qu'on a faite ; mais les étoffes que j'ai commandées comme chaque année n'arrivent pas, c'est ennuyeux. Il est 10<sup>h</sup> j'ai sommeil et suis fatiguée, je te demande la permission d'aller me coucher, mais avant je veux t'embrasser, bonne nuit

EM

Samedi 1<sup>h</sup>

La petite boîte est arrivée en très bon état, elle était depuis longtemps à Belfort, mais l'occasion avait manqué p<sup>our</sup> nous la faire parvenir. Elle a été reçue avec une hourra de joie. Le papier est charmant, de suite Emilie a voulu t'écrire, elle soupirait : « Si je n'avais pas un résumé à faire, j'écrirais à ma tante chérie ! » et cela assez haut p<sup>our</sup> que je puisse l'entendre. Alors j'ai donné ma permission et le petit chat t'a écrit, mais ce n'est pas terminé. Elle était si heureuse en recevant ta bonne et longue lettre, comme Jean<sup><ref>Le petit Jean [[Dumas, Ernest Charles Jean Baptiste (1827-1890) et ses descendants|Dumas]].</ref></sup>, sa figure prend un air de si gr<sup>ande</sup> satisfaction quand elle lit toutes les amabilités, les compliments que tu lui adresses. D'ici à q<sup>uelques</sup> jours tu recevras un paquet de petites cartes de photogr<sup>aphies</sup> (il faut une occasion p<sup>our</sup> les envoyer à Belfort.) Ce sont les enfants, tu les partageras avec Maman (3 chacune). On en enverra une à Jean

Tu sauras que c'était dans le but de faire refaire ta très humble servante que nous étions allés chez le photographe, mais j'ai encore si mal réussi que je ne l'envoie pas à Maman, je le lui porterai quand nous irons à Paris, car c'était en gr<sup>and</sup>. Il faut croire que c'est le modèle qui ne prête pas.

Merci p<sup>our</sup> le joli petit agenda, Ch<sup>arles</sup><sup><ref>Charles [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]].</ref></sup> en le voyant a encore dit : « Cette Agla<sup>é</sup> elle a toujours des idées. » La petite bande est arrivée très fraîchement j'écrirai à Maman p<sup>our</sup> l'en remercier.

J'aime à penser que tu ne souffres plus tant, mais je n'en suis pas sûre, je crains à cause de la position du mal sous l'ongle. On est heureux de voir le thermomètre à 0, le gaz gelait et on prévoyait beaucoup d'embarras.

Adieu, ma chérie, voilà Melchior<sup><ref>Melchior [[Neeff, Melchior (né en 1823) et les apparentés|Neeff]] concierge chez les [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]].</ref></sup>. Je t'embrasse comme je t'aime et de même de mon entourage

EM

Embrasse Maman
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==Notes==
<references />
==Notice bibliographique==
D’après l’original
{{Lettre 
      |id=1871-100 
      |sous-titre=Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) 
      |signataires=Desnoyers (Eugénie – épouse Mertzdorff) 
      |destinataires=Desnoyers (Aglaé – épouse Milne-Edwards) 
      |date de rédaction=16 décembre 1871 
      |personnes citées=Desnoyers (Jules);Target (Jeanne – épouse Desnoyers);Mertzdorff (Charles);Mertzdorff (Marie – épouse de Fréville);Mertzdorff (Emilie – épouse Froissart);Dumas (Jean);Dewulf (Louis Joseph Auguste);Neeff (Melchior) 
      |lieux cités=Paris;Vieux-Thann 
      }}