Voir la source de Vendredi 11 et samedi 12 octobre 1872

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__NOTOC__

<span class="letter-subtitle">Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Launay)</span>


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[[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|Vieux-Thann]]   

Vendredi soir

Ma chère petite Gla,

Papa et maman<ref>Jules [[Desnoyers, Jules (1800-1887) et ses descendants|Desnoyers]] et son épouse Jeanne [[Target, Jeanne (1805-1882) et ses proches|Target]].</ref> nous ont quittés aujourd'hui, j'ai été les reconduire à [[Mulhouse|Mulhouse]] avec les enfants<ref>Marie et Emilie [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]] (« les fillettes »).</ref> et nous sommes rentrées à 8<sup>h</sup>. J'espère qu'ils arriveront bien à Paris, ils ont préféré voyager de nuit, ils étaient seuls au départ, dans leur compartiment et ils allaient étaler manteaux et couvertures dans l'espoir de conserver leur banquette p<sup>our</sup> s'étendre. Maman a bonne mine, n'a pas eu mal à la gorge, et a été bien moralement, mais tout cela à condition de ne pas marcher et de ne pas prendre de fatigue. Pour avoir emballé des poires avec moi, elle était brisée Mardi, puis ça a passé. Elle a besoin aussi de ne pas rester vis-à-vis d'elle-même. Elle regrettait de partir avant ton retour<ref>Aglaé est à [[Nogent-le-Rotrou et Launay (L’Aunay d’en-Bas)|Launay]], pas à Paris.</ref> mais elle a craint que le froid n'arrive et ne la retienne.

Papa a été bien, mais il s'est enrhumé des derniers jours, il a bien grand besoin aussi d'être occupé, heureusement qu'il a toujours q<sup>uelques</sup> recherches nouvelles à faire.

Léon<ref>Léon [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]], qui vivait à [[Les propriétés et entreprises de Charles Mertzdorff et de ses successeurs|Morschwiller]].</ref> est comme tu le sais à Paris, il nous a écrit ne pas avoir eu le plaisir de te rencontrer. On ne sait pas combien de temps il devra rester absent ; on dit qu'on laissera rentrer sans difficulté mais que p<sup>our</sup> les Alsaciens l'[[Le traité de Francfort et l’indemnité de guerre (1871-1873)|<u>option</u>]] sera nulle.

Nous avons reçu une lettre de Bruyère des plus polies mais qui est un non positif<ref>Projet de mariage de Léon [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]].</ref> basé sur la position faite à ceux qui habitent l'Alsace depuis cette triste annexion. Les parents de [[Les propriétés et entreprises de Charles Mertzdorff et de ses successeurs|Morschwiller]]<ref>Louis Daniel Constant [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]] et son épouse Félicité [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]], parents de Léon.</ref> et nous n'en sommes pas fâchés, il y aurait toujours eu à craindre une mauvaise influence dans ce jeune ménage. Maintenant on va s'occuper de la D<sup>emoiselle</sup> dont M<sup>me</sup> Auguste<ref>Eugénie [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]], veuve d’Auguste [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]].</ref> avait parlé. Léon a le temps de prendre lui-même ses renseignements.

Nos gr<sup>andes</sup> récoltes de poires et de raisin sont faites ; bon débarras. Lundi on commence les vendanges ; le temps est peu agréable, le baromètre baisse encore, la récolte sera peu abondante.

Êtes-vous bien à [[Nogent-le-Rotrou et Launay (L’Aunay d’en-Bas)|Launay]] ? Vous promenez-vous beaucoup, Alph<sup>onse</sup><ref>Alphonse [[Milne-Edwards, Alphonse (1835-1900), son père Henri, leurs proches et descendants|Milne-Edwards]].</ref> se trouve-t-il mieux depuis qu'il a un peu laissé la travail. Nous sommes très contents de vous savoir à [[Nogent-le-Rotrou et Launay (L’Aunay d’en-Bas)|Launay]], pour toutes choses agissez en propriétaire, je n'ai aucune recommandation à vous faire ; Charles<ref>Charles [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]].</ref> veut écrire à Alph<sup>onse</sup>.

Bonsoir, je vais me coucher, je sens que je prends froid.

<u>Samedi</u> 1<sup>h</sup>  Bonjour, ma Chérie,

J'aimerais bien savoir comment vous allez, comment vous vous trouvez à [[Nogent-le-Rotrou et Launay (L’Aunay d’en-Bas)|Launay]] ? Si vous avez beau temps ? et si vous prolongerez un peu votre séjour. [[Besançon, Cécile (née vers 1830)|Cécile]]<ref>Cécile [[Besançon, Cécile (née vers 1830)|Besançon]], [[Employé-e-s de maison|bonne]] des petites [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]].</ref> me recommande de te prier de demander à la mère Michel<ref>Louise Jeanne Françoise Peltier, épouse de Louis Michel [[Pieaux, Louis Michel (né en 1815) et sa famille|Pieaux]].</ref> la graine des haricots qu'on a trouvés si bons et que la mère Michel désignait sous le nom de (), nous prendrons ces graines quand nous irons à Paris. Je continue à être très contente du nouveau jardinier<ref>Édouard [[Canus, Édouard (1840-avant 1911) et ses proches|Canus]], arrivé au mois de mars.</ref>, il plait à maman. Maman te remettra ma souscription p<sup>our</sup> le cours [[Boblet-Charrier (Mesdames)|Charrier]]<ref>Le cours des dames [[Boblet-Charrier (Mesdames)|Boblet]].</ref>. J'ajoute comme commission de faire faire dès ton retour un manteau imperméable à maman (noir) de la forme de mon vieux, c'est la forme la plus commode et la plus distinguée. (Nous pourrions lui offrir à nous deux ?)

J'ai eu mal à la gorge cette nuit. Maintenant ça va bien mieux, et preuve, c'est que j'ai circulé toute la journée après le raisin p<sup>our</sup> les corbeilles à donner. Il pleut et il fait assez froid. Le Rossberg a son capuchon blanc.

Je vais tâcher d'organiser une course à [[Mulhouse|Mulhouse]] par semaine (le Mercredi) p<sup>our</sup> les leçons de musique, de dessin et d'Anglais, je ne sais si j'y arriverai.

Nanette<ref>Annette, [[Employé-e-s de maison|cuisinière]] chez les [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]].</ref> est à Colmar p<sup>our</sup> la journée, les fillettes en ont profité p<sup>our</sup> faire la cuisine, nous avions 3 espèces de gâteaux ! Quel dommage que Jean<ref>Jean [[Dumas, Ernest Charles Jean Baptiste (1827-1890) et ses descendants|Dumas]].</ref> n'ait pas été là p<sup>our</sup> déguster la cuisine de ses amies.

Marie<ref>Marie [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]].</ref> doit t'écrire tous les jours ; tu ne t'en aperçois pas. Je crois que je te répète les mêmes choses qu'hier soir, ça ne fait rien, je ne sais si je t'ai dit que nous t'aimons beaucoup ainsi que ton mari et que tous les quatre nous vous embrassons.

Charles est toujours bien embarrassé p<sup>our</sup> savoir que faire après le 1<sup>er</sup> Janvier, il aimerait bien se débarrasser de ses [[Les propriétés et entreprises de Charles Mertzdorff et de ses successeurs|fabriques]], on dit que les Allemands achèteront les établissements, il y a déjà une fabrique de vendue à [[Mulhouse|Mulhouse]]. On ne sait pas ce qui adviendra. Parmi les crédules la nouvelle du jour est que la semaine prochaine nous serons de nouveau français ! <u>Nanette</u> doit payer le drapeau tricolore si la nouvelle est vraie !!!

Adieu, ma Gla, écris-nous et crois à toute notre affection

Eug<sup>énie</sup> M.

Nos bons parents<ref>Jules [[Desnoyers, Jules (1800-1887) et ses descendants|Desnoyers]] et son épouse Jeanne [[Target, Jeanne (1805-1882) et ses proches|Target]].</ref> doivent être rentrés chez eux. Nous serons contents de les savoir arrivés, à leur âge, on est toujours un peu préoccupé de les savoir loin de leur maison.
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==Notes==
<references />
==Notice bibliographique==
D’après l’original
{{Lettre 
      |id=1872-60 
      |sous-titre=Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Launay) 
      |signataires=Desnoyers (Eugénie – épouse Mertzdorff) 
      |destinataires=Desnoyers (Aglaé – épouse Milne-Edwards) 
      |date de rédaction=12 octobre 1872 
      |personnes citées=Duméril (Léon);Duméril (Louis Daniel Constant);Duméril (Félicité – épouse Duméril);Desnoyers (Jules);Target (Jeanne – épouse Desnoyers);Milne-Edwards (Alphonse);Mertzdorff (Charles);Mertzdorff (Marie – épouse de Fréville);Mertzdorff (Emilie – épouse Froissart);Dumas (Jean);Besançon (Cécile);Boblet (Caroline – épouse Charrier);? (Annette), domestique chez les Mertzdorff;Duméril (Eugénie – épouse Duméril);Peltier (Louise Jeanne Françoise – épouse Pieaux); Canus (Edouard) ; 
      |lieux cités=Vieux-Thann;Nogent-le-Rotrou-Launay 
      }}