Voir la source de Samedi 8 et dimanche 9 décembre 1877

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<span class="letter-subtitle">Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)</span>


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Samedi soir

Ma chère Marie

Tu te trompes bien ma grosse chérissima en croyant que mon petit bobo au pied m’a laissé quelques idées noires. Pour si peu je ne me vois pas encore perclus &amp; sans ma promesse de vous dire jusqu’aux moindres petits riens concernant ma grosse personne je n’en aurais certainement pas parlé ; jamais je ne me suis mis en tête que cette petite douleur pouvait donner quelque chose de sérieux, je m’attendais à le voir disparaître comme il n’a pas manqué de le faire.

Il n’en est plus question, car je t’assure qu’aujourd’hui j’ai pas mal marché à la [[Les propriétés et entreprises de Charles Mertzdorff et de ses successeurs|fabrique]] où j’étais par deux fois à peu près partout, &amp; c’est le com<sup>m</sup>encement de l’exécution d’un projet c’est d’être un peu plus à l’affaire que je ne l’ai été depuis quelques années ; cela va assez mal pour cela pour que l’on se remue un peu plus. Qui plus est cela ne me fera aucun mal bien au contraire ; c’est aussi ton avis ?

Nous avions cette nuit un vent comme l’on n’en entend pas souvent. heureusement qu’il n’y a pas de dégâts. Il ne fait pas froid du tout il a neigé un peu dans la journée mais c’est à peine si les flocons arrivaient à terre avant d’être en Eau. Ce temps en somme est bon, les ouvriers peuvent travailler dehors &amp; les pauvres ne souffrent pas du froid, si pour les rhumatisants ce temps humide n’est pas ce qu’ils désireraient, c’est le petit nombre &amp; le froid ne leur est guère meilleur.

Je suis seul dans mon petit salon que tu connais devant une tasse de thé petit excès que je me donne volontiers, l’ami Georges<ref>Georges [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]].</ref> est en route pour la Capitale où il va passer une 8<sup>ne</sup> de jours, avec son ami Jules [[Scheurer-Kestner, Auguste (1833-1899) et la famille Scheurer|Scheurer]] sans autre but à ce que sache que de respirer l’air de Paris. Que bon bien lui fasse.  

Léon<ref>Léon [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]], époux de Marie [[Stackler, Marie (1853-1916) et ses proches|Stackler]] (« la petite malade »).</ref> passe ses soirées auprès de Marie &amp; sa mère<ref>Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier [[Stackler, Marie (1853-1916) et ses proches|Stackler]].</ref> qui généralement ne rentre que fort tard chez elle.<br />
Vous saviez que M<sup>lle </sup>[[Bernard, Henri Frédéric Charles (1817-1886), ses filles et sa famille|Bernard]]<ref>Probablement Elisa Louise [[Bernard, Henri Frédéric Charles (1817-1886), ses filles et sa famille|Bernard]].</ref> a passé quelques jours auprès de la petite Malade elle vient de rentrer à [[Mulhouse|Mulh]][[Mulhouse|<u><sup>ouse</sup></u>]] ce matin, avec plaisir je suppose car elle n’avait pas beaucoup de distractions à [[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|V]][[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|<u><sup>ieux</sup></u>]][[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|-Th]][[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|<u><sup>ann</sup></u>]]. elle couchait chez M<sup>me </sup>[[Stackler, Marie (1853-1916) et ses proches|Stackler]] le soir les matins elle venait seule chez Marie.<br />
Cette dernière va bien, elle n’a pas grand appétit, elle circule maintenant un peu dans la maison, mais à condition de ne pas s’exposer aux cour<sup>ants</sup> d’air, ni au froid. J’ai passé hier une heure avec ces dames &amp; n’ai pas du tout trouvé mauvaise mine à Marie. c’est une allumette mais c’est dans sa nature &amp; elle le restera.

Somme toute, le bulletin des santés ne laisse rien à désirer dans toute la petite colonie V<sup>ieux-</sup>Thannoise, l’Oncle<ref>Georges [[Heuchel, Georges (1804-1890) et sa famille|Heuchel]].</ref> continue à venir lire son [[La presse|<u>J</u>]][[La presse|ournal]] tous les matins, espérant y trouver une détermination quelconque du Maréchal<ref>Le 16 mai 1877 le maréchal Edme Patrice Maurice de Mac Mahon, président de la République, provoque une crise institutionnelle en nommant un chef de gouvernement monarchiste alors que la Chambre des députés élue en 1876 est en majorité républicaine. C’est seulement le 13 décembre 1877 que Mac-Mahon reconnaît sa défaite politique.</ref>.<br />
Il est impatient comme nous tous car cette indécision a une assez grande action sur les affaires qui ne sauraient être plus nulles. A [[Mulhouse|Mulhouse]] l’on est bien découragé, mais aucune fabrique ne s’est fermée que celle de M. [[Hofer, Edouard (1810-1890)|Hofer]]<ref>La fabrique d'Édouard [[Hofer, Edouard (1810-1890)|Hofer]].</ref> de [[Les propriétés et entreprises de Charles Mertzdorff et de ses successeurs|Morschwiller]] de sorte que la misère n’est pas encore grande. La grande misère mais elle est bien inquiétante est la mauvaise éducation de nos garçons surtout.

Notre pauvre curé<ref>Louis [[Oesterlé, Louis († 1894)|Oesterlé]], curé à [[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|Vieux-Thann]] de 1875 à 1881.</ref> n’en peut plus &amp; il a déjà parlé de demander son changement pour ce fait. Si ce malheur n’existait qu’ici même seulement dans les villes de fabrique, le mal tout grand ne serait pas si inquiétant, mais à ce que l’on m’assure il est assez général &amp; plus grand en Allemagne qu’en France.

M. [[Jaeglé, Frédéric Eugène (1833-1906), son fils Georges et leurs proches|Jeaglé]]<ref>Frédéric Eugène [[Jaeglé, Frédéric Eugène (1833-1906), son fils Georges et leurs proches|Jaeglé]].</ref> ira à Bâle Lundi pour voir un jeune Suisse qui doit entrer au bureau pour faire la correspond<sup>ance</sup> allem<sup>ande</sup><ref>Emile XX ? (voir lettre du [[Lundi 9 décembre 1878|9 décembre 1878]]).</ref>. M. [[Jaeglé, Frédéric Eugène (1833-1906), son fils Georges et leurs proches|Jeaglé]] a trop à faire il faut qu’il se décharge d’une partie de sa besogne. il lui en restera encore assez. Mais ce sera la seule figure nouvelle que vous verrez lorsque vous viendrez, par contre vous ne trouverez plus M. Louis [[Buisson, Jean (né vers 1810), son fils Louis (né en 1845) et leurs proches|Buisson]] de [[Les propriétés et entreprises de Charles Mertzdorff et de ses successeurs|Morschw]][[Les propriétés et entreprises de Charles Mertzdorff et de ses successeurs|<u><sup>iller</sup></u>]] qui nous quitte.<br />
L’on me dit que M<sup>lle </sup>[[Gros, Aimé (1816-1892), sa famille et ses descendants|Gros]]<ref>Lucile [[Gros, Aimé (1816-1892), sa famille et ses descendants|Gros]] épouse Alfred von Glehn le 15 avril 1878.</ref> de Cernay que tu con<sup>n</sup>ais je crois, l’aînée, se marie avec un anglais employé à [[Mulhouse|Mulhouse]]. Cela a-t il quelqu’intérêt ?

Sœur Bonaventure m’a fait dire par Thérèse<ref>Thérèse [[Neeff, Melchior (né en 1823) et les apparentés|Neeff]], [[Les employé-e-s de maison|cuisinière]] chez Charles [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]].</ref>, qui était à [[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|Thann]] ces jours derniers pour se faire arracher une dent, qu’elle ne sait com<sup>m</sup>ent elle passera l’hiver. Que je dois aller lui donner un conseil.<br />
Cette bonne sœur est dans les plus mauvaises conditions possibles, avec cela beaucoup trop d’enfants. Du reste elle est presque toujours souffrante même malade. Dernièrem<sup>ent</sup> je lui ai fait donner 100 F pour acheter sa choucroute.

Emilie [[Sussenthaller, Émilie (née en 1859)|Sussenth]][[Sussenthaller, Émilie (née en 1859)|<u><sup>aller</sup></u>]] n’est plus femme de Chambre, la voilà de nouveau à la [[Les propriétés et entreprises de Charles Mertzdorff et de ses successeurs|fabrique]] &amp; pour longtemps je pense. L’on a dû expédier une pièce cretonne à une amie de Cécile<ref>Cécile [[Besançon, Cécile (née vers 1830)|Besançon]], [[Les employé-e-s de maison|bonne]] des demoiselles [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]].</ref>, com<sup>m</sup>ission donnée à Thérèse.

amitié à tous, bec à Emilie<ref>Emilie [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]], sœur de Marie.</ref> &amp; tout à toi ton père qui t’aime com<sup>m</sup>e tu ne l’ignores pas<br />
ChsMff

Léon m’a dit ce matin Dimanche que Marie n’a pas passé une trop bon<sup>n</sup>e nuit. cepend<sup>ant</sup> elle se lèvera &amp; je dîne chez elle. Au [[Les propriétés et entreprises de Charles Mertzdorff et de ses successeurs|moulin]]<ref>Au [[Les propriétés et entreprises de Charles Mertzdorff et de ses successeurs|Moulin]] vivent Louis Daniel Constant [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]] (« bon-papa ») et son épouse Félicité [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]].</ref> l’on va bien b<sup>on</sup>-papa vient régulièrement 2 fois par jour ici.<br />
ce matin un temps délicieux de printemps.
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==Notes==
<references />
==Notice bibliographique==
D’après l’original
{{Lettre 
      |id=1877-100 
      |sous-titre=Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) 
      |signataires=Mertzdorff (Charles) 
      |destinataires=Mertzdorff (Marie – épouse de Fréville) 
      |date de rédaction=9 décembre 1877 
      |personnes citées=Duméril (Léon);Duméril (Louis Daniel Constant);Heuchel (Georges);Mertzdorff (Emilie – épouse Froissart);Jaeglé (Frédéric Eugène);Duméril (Georges);Mac Mahon (Edme Patrice Maurice de);Neeff (Thérèse);? (Mlle), Sœur Bonaventure;Scheurer (Jules);Stackler (Marie – épouse Duméril);Besançon (Cécile);Buisson (Louis);Oesterlé (Louis), prêtre;Hertzog (Marie Stéphanie – épouse Stackler);Sussenthaller (Emilie);Hofer (Edouard);Gros (Lucile);Glehn (Alfred von);Bernard (Elisa Louise);? (Emile), 1877-1878 
      |lieux cités=Paris;Vieux-Thann 
      }}