Voir la source de Mardi 9 et mercredi 10 août 1870 (D)

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__NOTOC__
<span class="letter-subtitle">Lettre d’Eugénie Desnoyers (Paris) à son époux Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)</span>

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Paris

Mardi soir 10 h

Mon cher Charles,

Maman<sup><ref>Jeanne [[Target, Jeanne (1805-1882) et ses proches|Target]], épouse de Jules [[Desnoyers, Jules (1800-1887) et ses descendants|Desnoyers]].</ref></sup> ne me permet pas de rester à lire les [[La presse|journaux]], comme j'en avais l'intention, eh bien je vais lui obéir, mais avant d'aller faire dodo je dirai un petit bonsoir à mon cher mari. Peut-être m'écris-tu en ce moment ?

Je ne sais si le ch<sup>emin</sup> de fer fait encore son service, je t'écris tous les jours ; ta dernière lettre reçue Lundi à 5 h du soir était de Samedi soir.

La journée a été anxieuse à Paris, non pas par les nouvelles de la guerre, on n'a eu aucune dépêche du théâtre des hostilités, mais à cause des bruits qu'on répandait au sujet de la séance de la chambre et surtout du manque de sympathie p<sup>our</sup> l'autorité<sup><ref>Motion de défiance contre le ministère [[Ollivier, Emile (1825-1913)|Ollivier]].</ref></sup>. C'est abominable dans un moment où la patrie est en danger de vouloir profiter p<sup>our</sup> exciter les esprits, aussi les rouges sont satisfaits. Mais je crois qu'il n'y aura rien ce soir ; nous avons parcouru cette après-midi avec Agla<sup>é</sup><sup><ref>Aglaé [[Desnoyers, Jules (1800-1887) et ses descendants|Desnoyers]], épouse d’Alphonse [[Milne-Edwards, Alphonse (1835-1900), son père Henri, leurs proches et descendants|Milne-Edwards]].</ref></sup> et les fillettes<sup><ref>Marie et Emilie [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff.]]</ref></sup>, en voiture découverte, les quais, la rue de Rivoli, traversé le boulevard, nous allions voir Victorine<sup><ref>Victorine Duvergier de Hauranne, épouse de Paul Louis [[Target, Jeanne (1805-1882) et ses proches|Target]].</ref></sup>, et il n'y avait pas le moindre trouble, ni rassemblement, je suis descendue à la Mairie du Louvre p<sup>our</sup> lire les affiches, qu<sup>elques</sup> personnes, mais beaucoup de calme, il faut se méfier des porteurs de nouvelles, c'est cela qui fait du mal à l'esprit de la population. J'attendrai d'avoir revu Alph<sup>onse</sup><sup><ref>Alphonse [[Milne-Edwards, Alphonse (1835-1900), son père Henri, leurs proches et descendants|Milne-Edwards]].</ref></sup> p<sup>our</sup> te rendre compte de la séance.

Comme je te l'écrivais ce matin M. [[Milne-Edwards, Alphonse (1835-1900), son père Henri, leurs proches et descendants|Edwards]]<sup><ref>Henri [[Milne-Edwards, Alphonse (1835-1900), son père Henri, leurs proches et descendants|Milne-Edwards]], père d’Alphonse Alphonse.</ref></sup> propose au ministre<sup><ref>Le général Charles [[Dejean, Jean François Aimé (1749-1824) et ses proches|Dejean]], qui assure l’intérim au ministère de la Guerre depuis le 20 juillet, Lebœuf étant parti aux armées.</ref></sup> d'organiser un <u>corps franc</u> composé des garçons de bureau, frotteurs, jardiniers &amp;&amp; du [[Muséum, Jardin des Plantes, Jardin du roi, Cabinet d’Histoire naturelle du roi|Jardin]], des lycées &amp; p<sup>our</sup> travailler aux fortifications de Paris, Alfred<sup><ref>Alfred [[Desnoyers, Jules (1800-1887) et ses descendants|Desnoyers]].</ref></sup> a été avec M. [[Milne-Edwards, Alphonse (1835-1900), son père Henri, leurs proches et descendants|Edwards]] trouver le général et se propose aussi p<sup>our</sup> diriger ce corps (en donnant son titre d'ingénieur) ou tout autre p<sup>our</sup> organiser la place de Paris. Tu vois que chacun s'occupe ici. Mais on trouve qu'on est mieux à Paris qu'aux environs ou que dans des maisons isolées si on venait à avoir des craintes sérieuses.

Nos petites filles sont bien mignonnes, bien calmes, bien gentilles, désireuses de bien faire, bien câlines avec moi. Marie a placé ton portrait sur le devant de la pendule de ma chambre de sorte que je t'ai sous les yeux, cela fait toujours plaisir de voir ce qu'on aime le plus.

Bonsoir, cher Ami, dors bien malgré nos gr<sup>andes</sup> préoccupations et que Dieu nous garde les uns aux autres.

Que de souffrances déjà !

Eug<sup>énie</sup> M.

Mercredi midi

On m'apporte ta bonne et longue lettre, je suis heureuse de lire ton écriture. Les détails que tu me donnes, malheureusement sont ceux que j'attendais. Le sauve-qui-peut de [[Mulhouse|Mulhouse]] était inévitable. Dieu fasse qu'il n'y ait pas de nouveaux désastres ! Merci, merci p<sup>our</sup> tout ce que tu me dis, sois tranquille p<sup>our</sup> nous, nous ne ferons pas d'imprudence, mais jusqu'à nouvel ordre nous restons à Paris. S'il devait y avoir encore des défaites j'insisterais p<sup>our</sup> aller à [[Nogent-le-Rotrou et Launay (L’Aunay d’en-Bas)|Launay]], mais le plus tard possible car ces messieurs et Aglaé restant à Paris, tu comprends qu'il est difficile que je m'en aille seule avec maman et les fillettes s'il n'y a pas nécessité.

Nous sommes très bien installées dans l'appartement du [[Muséum, Jardin des Plantes, Jardin du roi, Cabinet d’Histoire naturelle du roi|Jardin]] ; les santés sont bonnes, et maman et les autres ont de l'énergie morale. Nous achetons une pièce d'étoffe p<sup>our</sup> faire des chemises p<sup>our</sup> les blessés. Ce matin j'ai été savoir le résultat de la consultation p<sup>our</sup> M. Auguste<sup><ref>Auguste [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]].</ref></sup>, lui m'en a rendu compte en paraissant remonté, mais sa femme<sup><ref>Eugénie [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]].</ref></sup> en me reconduisant m'a dit que les médecins<sup><ref>Les docteurs [[Lecointe, C. E. (mort après 1876)|Lecointe]] et [[Barth, Jean Baptiste Philippe (1806-1877) et ses descendants|Barth]].</ref></sup> lui ont dit qu'il n'y avait pas de guérison possible, mais que le danger n'était pas immédiat. C'est le foie qui a pris un trop gr<sup>and</sup> développement et qui en appuyant sur les artères empêche la circulation, l'enflure augmente. Mais il a l'air bien heureux de se retrouver avec ses enfants<sup><ref>Adèle [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]], épouse de Félix [[Soleil, Félix (1839-1891)|Soleil]], et ses trois enfants, Marie, Léon et Pierre, « les petits cousins [[Soleil, Félix (1839-1891)|Soleil]] ».</ref></sup>.

Tiens je croyais être à ma dernière page et serrais les lignes. Nos chères bonnes petites filles sont déjà allées dans la ménagerie avec l'oncle Alph<sup>onse</sup> pendant que j'étais chez l'oncle Auguste ; nous avons déjeuné avec Alfred, il est bien prudent, et sois tranquille, ne s'engagera à rien avec les [[Festugière, Georges Jean (1835-1870) et ses proches|Festugière]]<sup><ref>A propos de la fonderie de [[Brousseval (fonderie)|Brousseval]].</ref></sup>, ce n'est pas le moment. Elles vont aller avec Aglaé chez sœur Marie, puis [[Besançon, Cécile (née vers 1830)|Cécile]]<sup><ref>[[Besançon, Cécile (née vers 1830)|Cécile]], bonne des petites [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]].</ref></sup> les mènera chez les petits cousins [[Soleil, Félix (1839-1891)|Soleil]], pendant que j'irai chez M<sup>me</sup> [[Buffet, Louis Joseph (1818-1898) et ses proches|Buffet]]<sup><ref>Marie Pauline Louise [[Target, Jeanne (1805-1882) et ses proches|Target]], épouse de Louis Joseph [[Buffet, Louis Joseph (1818-1898) et ses proches|Buffet]].</ref></sup> avec maman. Tu vois qu'à Paris, malgré les gr<sup>andes</sup> émotions, on va à ses petites affaires. Nous n'avons plus de ministère<sup><ref>Le ministère [[Ollivier, Emile (1825-1913)|Ollivier]], en place depuis le 2 janvier 1870 est remplacé le 10 août par le ministère [[Palikao, Charles Cousin de Montauban comte de (1796-1878)|Palikao]].</ref></sup>, je ne te rendrai pas compte de la séance de la chambre, les [[La presse|journaux]] te l'ont donnée avec détails. C'est désolant. Mais ma lettre n'est pas p<sup>our</sup> parler politique, je veux seulement qu'elle te porte mes tendresses, les amitiés de papa<sup><ref>Jules [[Desnoyers, Jules (1800-1887) et ses descendants|Desnoyers]].</ref></sup>, maman, les frères<sup><ref>Alfred et Julien [[Desnoyers, Jules (1800-1887) et ses descendants|Desnoyers]].</ref></sup> et tes petites filles

Je t'embrasse de tout cœur

ta petite femme

Eug<sup>énie</sup> M.

Je ne te parle pas des élections municipales. Tu fais bien de donner ta démission, puisqu'ils n'ont pas voulu faire entrer celui que tu leur as demandé.
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==Notes==
<references />
==Notice bibliographique==
D’après l’original
{{Lettre 
      |id=1870-057 
      |sous-titre=Lettre d’Eugénie Desnoyers (Paris) à son époux Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) 
      |signataires=Desnoyers (Eugénie – épouse Mertzdorff) 
      |destinataires=Mertzdorff (Charles) 
      |date de rédaction=10 août 1870 
      |personnes citées=Duméril (Auguste);Duméril (Eugénie – épouse Duméril);Desnoyers (Julien);Desnoyers (Jules);Target (Jeanne – épouse Desnoyers);Desnoyers (Alfred);Milne-Edwards (Alphonse);Desnoyers (Aglaé – épouse Milne-Edwards);Target (Marie Pauline Louise – épouse Buffet);Mertzdorff (Marie – épouse de Fréville);Mertzdorff (Emilie – épouse Froissart);Milne-Edwards (Henri);Besançon (Cécile);Lecointe (Charles Edouard);Duvergier de Hauranne (Victorine – épouse Target);Duméril (Adèle – épouse Soleil);Soleil (Marie – épouse Grisard) ;Soleil (Léon);Soleil (Pierre);Barth (Jean Baptiste Philippe);Dejean (Pierre Charles);Festugière (famille);? (Mlle), Sœur Marie 
      |lieux cités=Paris;Vieux-Thann 
      }}