Voir la source de Mardi 4 et jeudi 6 février 1879

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<span class="letter-subtitle">Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)</span>

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Mardi 4/6 février 79

Ma chère Marie   Il fait un temps si triste si désagréable que pour un peu l'oublier je ne vois rien de mieux que de causer un peu avec ma chérie, cela fait oublier bien des petites misères &amp; comme la pluie compte dans cette catégorie, je crois mon remède excellent.<br />
&amp; cependant en fait de petites nouvelles je suis si pauvre que j'aurai bien de la peine à t’intéresser un peu.

Hier le Docteur est venu faire visite à Hélène<ref>Hélène [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]].</ref> qui à ce qu'il paraît fait ses prem<sup>ières</sup> grosses dents &amp; a quelques rougeurs sur sa petite peau, elle ne dormait plus si bien, etc. Les petits bébés ont le don de vous donner des peurs bleues pour rien, &amp; c'est heureusement ce qui est le cas chez la petite demoiselle. Ce n'est rien.<br />
La maman &amp; Léon<ref>Marie [[Stackler, Marie (1853-1916) et ses proches|Stackler]] et son époux Léon [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]].</ref> sont venus passer une heure chez moi hier au soir, je lisais dans le moment Soll und Haben de G Freytag<ref>Gustav Freytag (1816-1895), ''Soll und Haben'', 1855 ; la première traduction en français de ce roman, ''Doit et avoir'', date de 1857.</ref> qui fait partie de la petite bibliothèque all<sup>emande</sup> qui vous est destinée. Marie ne va pas mal mais elle a toujours sa pauvre figure de Vendredi tandis que Léon, continue à prospérer.

Comme d'habitude j'ai passé mon Dimanche à la maison &amp; grâce à mes pantoufles &amp; le mauvais vouloir de ma chaussure je n'ai pas fait ma visite aux [[Berger, Louis (1829-1898)|Berger]], comme j'en avais le matin encore le projet. Ce que c'est que les mauvaises habitudes &amp; je trouve que tu fais sagement en excluant de ton armoire pareils meubles qui finissent par s'imposer.<br />
Tu vois que malgré la vie mondaine de [[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|V]][[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|<u><sup>ieux</sup></u>]][[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|-Th]][[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|<u><sup>ann</sup></u>]] je me rouille de plus en plus ce que je ne puis que constater tout en le blâmant &amp; regrettant de ne plus avoir l'énergie nécessaire pour me réformer.

Mess<sup>ieurs</sup> Léon &amp; [[Jaeglé, Frédéric Eugène (1833-1906), son fils Georges et leurs proches|Jaeglé]]<ref>Frédéric Eugène [[Jaeglé, Frédéric Eugène (1833-1906), son fils Georges et leurs proches|Jaeglé]].</ref> n'ont pas encore su fixer le jour de leur fameux voyage d'exploration<ref>Voyage d’affaires projeté en Allemagne.</ref>. cependant ledit voyage en principe reste décidé, est trouvé de plus en plus nécessaire, mais les pantoufles !!.<br />
Pour Léon surtout, Berlin a peu d’attraction &amp; je le comprends.

Ce qui précède est écrit depuis 2 jours. Hier Mercredi j'étais seul à la maison, ces Mess<sup>ieurs</sup> à [[Mulhouse|Mulhouse]] &amp; j'étais toute la journée distrait de mon occupation de prédilection. Ce matin Jeudi, avant de quitter mon bureau je tiens encore à vous dire que je vous aime bien &amp; vous prier de ne pas m'en vouloir de vous oublier ainsi. Mais distinguons, ne pas écrire n'est pas oublier, car les pensées vont toujours le train, si la plume est paresseuse ce n'est pas leur faute.<br />
Nos Mess<sup>ieurs</sup> se préparent à quitter fin de la semaine ou com<sup>m</sup>encement de l'autre, ils y paraissent décidés de sorte que je serai seul une 15<sup>aine</sup> au moins ce qui ne me réjouit plus car je ne suis plus du tout au cour<sup>ant</sup> des affaires &amp; j'aurai un peu de mal à m'y mettre, il y a si longtemps que je ne vis qu'entre mes enfants<ref>Marie et sa sœur Emilie [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]].</ref> &amp; mon [[Les propriétés et entreprises de Charles Mertzdorff et de ses successeurs|usine]] que cette dernière m'échappe forcément &amp; que j'y serai de trop.

Depuis hier le brouillard s'est dissipé mais le soleil a bien du mal à paraître, enfin nous marchons vers le printemps ce qui fait toujours plaisir à penser.

Je reçois à l'instant une lettre des [[Nicolas, Paul, dit « M. Paul » (1809-1889) et ses proches|Paul]]<ref>Paul [[Nicolas, Paul, dit « M. Paul » (1809-1889) et ses proches|Nicolas]] et son épouse Stéphanie Duval.</ref> qui s'annoncent pour Lundi proch<sup>ain</sup>. Ils ne m'arrivent pas à propos étant seul à la [[Les propriétés et entreprises de Charles Mertzdorff et de ses successeurs|fab]][[Les propriétés et entreprises de Charles Mertzdorff et de ses successeurs|<u><sup>rique</sup></u>]] je ne saurai pas beaucoup m'occuper d'eux. Ils n'ont pas voulu venir avant, se proposant de courir un peu les montagnes &amp; jusqu'à présent le temps ne s'y prêtait pas. Je ne puis pas leur dire de ne pas venir, car ces Mess<sup>ieurs</sup> de retour je serai tout près de mon départ &amp; de mon voyage d'exploration à mon idée. Marie est un peu souffrante elle a dû garder son lit hier &amp; avant-hier, c'est bien fâcheux de ne pas lui voir plus de santé. En ce moment D<sup>emoiselle </sup>[[Oberlé, Clémentine (née en 1821) et son frère Clément Fortuné (1810-1881)|Oberlé]]<ref>Clémentine [[Oberlé, Clémentine (née en 1821) et son frère Clément Fortuné (1810-1881)|Oberlé]].</ref> est auprès de M<sup>me </sup>[[Stackler, Marie (1853-1916) et ses proches|Stackler]]<ref>Marie Stéphanie [[Oberlé, Clémentine (née en 1821) et son frère Clément Fortuné (1810-1881)|Hertzog]], veuve de Xavier [[Stackler, Marie (1853-1916) et ses proches|Stackler]].</ref> ce seront de nouvelles occasions de fêtes.

Je trouve que tu fais bien d'essayer un peu la peinture &amp; il est bien naturel qu'au début tu ne réussisses pas c'est toujours ainsi &amp; tu ne voudrais pas être phénomène ? Hier b<sup>onne</sup>-maman<ref>Félicité [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]], épouse de Louis Daniel Constant [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]].</ref> m'a donné ce petit mot pour ajouter à ma lettre.<br />
C'est bien à regret que je vois mon papier trop court, mais je n'ai pas le temps de prendre nouvelle feuille, le courrier est là &amp; il faut que je te quitte.

Je vous embrasse de tout cœur. ChsMff. Voila les [[Berger, Louis (1829-1898)|Berger]] qui diminuent encore les heures de travail. Ce ne sont que des ½ journées, il est temps que l'hiver tire à sa fin pour les pauvres gens.
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==Notes==
<references />
==Notice bibliographique==
D’après l’original
{{Lettre 
      |id=1879-012 
      |sous-titre=Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) 
      |signataires=Mertzdorff (Charles) 
      |destinataires=Mertzdorff (Marie – épouse de Fréville) 
      |date de rédaction=6 février 1879 
      |personnes citées=Duméril (Léon);Duméril (Félicité – épouse Duméril);Mertzdorff (Emilie – épouse Froissart);Berger (famille);Jaeglé (Frédéric Eugène);Stackler (Marie – épouse Duméril);Hertzog (Marie Stéphanie – épouse Stackler);Nicolas (Paul);Oberlé (Clémentine);Duméril (Hélène – épouse de Place);Duval (Stéphanie – épouse Nicolas);Freytag (Gustav) 
      |lieux cités=Paris;Vieux-Thann 
      }}