Voir la source de Mardi 11 et mercredi 12 février 1879

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<span class="letter-subtitle">Lettre d’Emilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)</span>


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Mardi 11 Février 1879

Quel beau temps, mon papa chéri ! j’espère que vous avez le même à [[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|Vieux-Thann]] ; malheureusement j’ai peur qu’il ne se change en pluie car c’est l un printemps trop prématuré ; il n’en est pas moins agréable autant qu’il dure, on refait connaissance avec le soleil et on jouit de pouvoir garder sa fenêtre ouverte. Quel dommage que ce soit aujourd’hui Mardi, et qu’on ne puisse pas sortir, je suis sûre que demain pour aller à notre leçon de piano nous pataugerons dans la boue tandis qu’en ce moment il serait si agréable de se promener.

Marie<ref>Marie [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]], sœur d’Emilie.</ref> t’a, je crois, envoyé dans [[Dimanche 9 février 1879|sa lettre]] écrite Dimanche, la lettre de quête de Jeanne [[Brongniart, Alexandre (1770-1847) et ses descendants|Brongniart]] ; tu ne devineras jamais la manière dont oncle<ref>Alphonse [[Milne-Edwards, Alphonse (1835-1900), son père Henri, leurs proches et descendants|Milne-Edwards]].</ref> lui paye son offrande : il lui envoie tous les jours quelques sous de sorte que les comptes de cette malheureuse Jeanne vont être très compliqués, mais je crois que ce nouveau mode de paiement doit l’amuser beaucoup, à condition que tout le monde n’est fasse pas autant. La pauvre fille a passé toute sa journée hier dans son lit avec une assez forte fièvre occasionnée par un petit mal de gorge, mais elle va bien aujourd’hui et elle est levée.

Hier nous avons été au cours de physique<ref>Cours de physique donné par Emile [[Burnouf, Eugène (1801-1852), son épouse Reine Victoire Angélique Poiret (1804-1886) et leurs proches|Fernet]].</ref>, nous aurons Jeudi la dernière leçon ce qui nous désole car c’est bien intéressant. Ensuite nous avons eu le cours de M. [[Talbot, Eugène (1814-1894)|Talbot]]<ref>Cours de littérature donné par Eugène [[Talbot, Eugène (1814-1894)|Talbot]].</ref>.

Figure-toi que la semaine dernière Eugénie [[Duquenne, Auguste Eugène Jean Baptiste (1799-1878) et ses descendants|Violet]]<ref>S’agit-il de la famille [[Duquenne, Auguste Eugène Jean Baptiste (1799-1878) et ses descendants|Violet]] ou de la famille [[Viollet, Mlle (active dans les années 1870)|Viollet]] ?</ref> m’avait prêté un petit cahier de chant qui appartenait à une de ses amies, je ne l’ai emporté qu’avec l’assentiment de la propriétaire et la promesse de le mettre le lendemain chez Eugénie Viollet. En effet en revenant du cours d’anglais<ref>Cours d’anglais avec Céline [[Silvestre de Sacy, Alfred (1834-1917) et sa famille|Silvestre de Sacy]], épouse de Frédéric Foussé.</ref> nous avons déposé le cahier chez le concierge avec l’adresse d’Eugénie, mais elle n’a pas pu le retrouver ; voilà plus de huit jours qu’elle le cherche, sans doute que le concierge l’a égaré ou qu’il s’est trouvé égaré chez M<sup>me </sup>Viollet qui donnait ce jour-là une soirée. Tu comprends si cette pauvre Eugénie est ennuyée et si je le suis aussi car enfin si elle ne m’avait pas prêté ce cahier ou si je l’avais monté moi-même chez elle, peut-être qu’aucun de ces ennuis ne seraient arrivés.

J’essaie depuis Dimanche de me faire une autre coiffure en roulant mes cheveux comme faisait Marie il y a quelque temps et comme tante<ref>Aglaé [[Desnoyers, Jules (1800-1887) et ses descendants|Desnoyers]], épouse d’Alphonse [[Milne-Edwards, Alphonse (1835-1900), son père Henri, leurs proches et descendants|Milne-Edwards]].</ref> me coiffait pour les dîners du Lundi mais je suis fort loin d’y réussir et je pense que je vais renoncer à cette pénible entreprise.

Mercredi. Que les visites sont donc ennuyeuses ! elles empêchent même d’écrire à son papa. Tante nous a fait descendre parce que Marie [[Des Cloizeaux, Marie (1857-1931) et sa famille|Des Cloizeaux]] était là, et nous n’avons pas pu remonter avant 6 heures. Nous avons vu M<sup>me </sup>[[Fröhlich, André (1794-1871) et sa famille|Fröhlich]]<ref>Eléonore [[Cumont, Jean Baptiste (1750-1848) et ses descendants|Vasseur]], veuve d’André [[Fröhlich, André (1794-1871) et sa famille|Fröhlich]] et mère d’Adèle et Marie [[Fröhlich, André (1794-1871) et sa famille|Fröhlich]].</ref> avec ses filles, M<sup>me </sup>[[Target, Jeanne (1805-1882) et ses proches|Allain]]<ref>Alice Lebreton, épouse d’Émile [[Target, Jeanne (1805-1882) et ses proches|Allain]].</ref> et beaucoup d’autres personnes.

Nous avons reçu ce matin ta lettre adressée à moi. Te voilà donc tout seul, mon pauvre père, ou du moins seul à la tête de la [[Les propriétés et entreprises de Charles Mertzdorff et de ses successeurs|fabrique]], puisque tu as au contraire du monde chez toi. Quel ennui de savoir tante Marie<ref>Marie [[Stackler, Marie (1853-1916) et ses proches|Stackler]], épouse de Léon [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]].</ref> souffrante, j’espère que ce ne sera qu’une fatigue momentanée. Tout ce que tu me dis d’Hélène<ref>Hélène [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]].</ref> m’a bien intéressée et je suis très contente de savoir qu’elle se porte bien. C’est demain qu’elle aura un an. Quel grand personnage ; au fait on ne va plus maintenant compter par mois, mais par années.

Adieu mon père chéri, je t’embrasse de tout mon cœur ainsi que bon-papa et bonne-maman<ref>Louis Daniel Constant [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]] et son épouse Félicité [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]].</ref>.<br />
Ta fille,<br />
Emilie

J’allais oublier de t’annoncer la plus grande nouvelle, M. [[Gervais, Paul (1816-1879)|Gervais]]<ref>Paul [[Gervais, Paul (1816-1879)|Gervais]].</ref> est mort Lundi. Voilà donc oncle encore une fois candidat à l’[[Institut national, Académie des sciences|institut]]. Tout le monde dit qu’il peut être très sûr d’être nommé et il en est lui-même persuadé. Lundi il se trouvait à l’[[Institut national, Académie des sciences|Institut]] pour parler à un [ ] ont vu oncle lui parlaient déjà de sa nomination comme une chose certaine ; M. [[Jamin, Jules Célestin (1818-1886) et ses proches|Jamin]]<ref>Jules Célestin [[Jamin, Jules Célestin (1818-1886) et ses proches|Jamin]].</ref> lui a passé un papier où il avait écrit : Le roi est mort, vive le roi ! Il est donc fort probable que les choses marchent pour le mieux. M. [[Quatrefages, Armand de (1810-1892) et sa famille|Quatrefages]]<ref>Armand de [[Quatrefages, Armand de (1810-1892) et sa famille|Quatrefages]].</ref> se range cette fois-ci de son côté.
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==Notes==
<references />
==Notice bibliographique==
D’après l’original
{{Lettre 
      |id=1879-015 
      |sous-titre=Lettre d’Emilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) 
      |signataires=Mertzdorff (Emilie – épouse Froissart) 
      |destinataires=Mertzdorff (Charles) 
      |date de rédaction=12 février 1879 
      |personnes citées=Duméril (Louis Daniel Constant);Duméril (Félicité – épouse Duméril);Fröhlich (Adèle);Fröhlich (Marie);Milne-Edwards (Alphonse);Desnoyers (Aglaé – épouse Milne-Edwards);Mertzdorff (Marie – épouse de Fréville);Brongniart (Jeanne – épouse Cornu);Quatrefages (Armand de);Lebreton (Alice – épouse Allain);Gervais (Paul);Vasseur (Eléonore – épouse Fröhlich);Des Cloizeaux (Marie – épouse d'Hérouville);Stackler (Marie – épouse Duméril);Talbot (Eugène);Duméril (Hélène – épouse de Place);Jamin (Jules Célestin);Violet (Eugénie);Viollet (Eugénie);Viollet (famille);Violet (famille) 
      |lieux cités=Paris;Vieux-Thann 
      }}