Voir la source de Samedi 26 et lundi 28 septembre 1857


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<span class="letter-subtitle">Lettre de Caroline Duméril (Montataire) à sa cousine Isabelle Latham (Le Havre)</span>


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Forges de [[Montataire (forges)|Montataire]]

26 Septembre 1857

Ah ça, Mademoiselle Isabelle, si c'est ainsi que vous répondez à mes lettres, notre correspondance ne sera pas très active et nous courrons grand risque d'être plusieurs mois sans entendre parler l'une de l'autre si ce n'est par des voies détournées ; petite paresseuse, va, je vois bien que décidément tu aimes mieux causer qu'écrire, pourtant je t'en prie arme-toi de ton grand courage et prends ta plume car je t'avoue qu'après avoir tant joui d'être auprès de toi dans une si grande intimité il me parait dur d'être privée de toute nouvelle ; voilà trois semaines que je suis partie et je n'ai pas entendu dire le moindre mot des chers Havrais. Je pense qu'Edmond<ref>Richard Edmond [[Latham, Charles (1795-1875) et ses proches|Latham]], frère d’Isabelle.</ref> est retourné en Angleterre, que Georges<ref>Georges [[Pochet, Louis François (1799-1867) et sa famille|Pochet]].</ref> est parti, que ton oncle [[Pochet, Louis François (1799-1867) et sa famille|Pochet]]<ref>Louis François [[Pochet, Louis François (1799-1867) et sa famille|Pochet]], père de Georges.</ref> est complètement rétabli ; que vous allez tous bien mais après tout ce ne sont que des suppositions et je t'avoue que j'attends avec impatience une longue lettre de toi.

Lundi 28.

J'ai été interrompue dans ma causerie, avant-hier et ne puis la reprendre que ce matin. Nous sommes ici depuis Jeudi, chez ma cousine<ref>Éléonore Vasseur, épouse d’André [[Fröhlich, André (1794-1871) et sa famille|Fröhlich]].</ref> et y resterons jusqu'au 5 Octobre puisque ce sont les vacances de Léon<ref>Léon [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]], frère de Caroline.</ref> ; malheureusement le temps est bien gâté et nous ne pouvons guère jouir de la campagne ; hier pourtant il faisait beau et nous sommes allés aux courses de Chantilly qui, comme tu le sais, sont fort renommées et très à la mode ; ce sont les chevaux anglais qui ont remporté tous les prix au grand chagrin de ces messieurs du Jockey-club.

J'ai dévoré Heartsease<ref>''Heartsease, or The Brother’s Wife'', de Charlotte Mary [[Yonge, Charlotte Mary (1823-1901)|Yonge]], paru en 1854.</ref>, je crois que rarement un roman m'a tant intéressée et je te remercie bien de me l'avoir prêté ; Queechy<ref>''Queechy'', d’Elisabeth Wetherell (pseudonyme de Susan Bogert Warner), première traduction française en 1854.</ref> m'a plu aussi ainsi qu'Hélène<ref>''Hélène'' [''Helen''], par Maria Edgeworth, traduit de l’anglais dès sa parution en 1834 par Louise Swanton [[Bibron, Georges (1805-1848) et sa femme Jeanne Belloc (1811-1889)|Belloc]].</ref> et Isabelle<ref>''Isabelle'', de Mme Tarbé des Sablons, Paris, 1846.</ref> ; je te renverrai tout cela par Émile<ref>Émile [[Pochet, Louis François (1799-1867) et sa famille|Pochet]], frère de Georges.</ref> à moins toutefois qu'il ne soit à Paris dans ce moment.

Je n'ai pas grand chose d'intéressant à te raconter car je n'ai vu presque personne d'étranger pendant la quinzaine que j'ai passée dans la Capitale, et ici, quoiqu'à quinze lieues seulement de Paris on est tout à fait dans l'ignorance de ce qui s'y passe. Tu auras sans doute appris par les Edgard Duval<ref>Edgar [[Raoul-Duval, Charles Edmond (1807-1893) et ses enfants|Raoul-Duval]].</ref> la mort de notre cousine, Mme [[Comte, Charles (1782-1837), sa femme Adrienne Say et leurs enfants|Comte]]<ref>Adrienne [[Say, Jean-Baptiste (1767-1832), son frère Louis, et leurs familles|Say]], épouse de Charles [[Comte, Charles (1782-1837), sa femme Adrienne Say et leurs enfants|Comte]].</ref>, je crois que tu ne l'avais jamais vue mais pour moi qui la connaissais très bien cette mort subite m'a bien frappée.

En m'écrivant, dis-moi un peu ce que tu fais et qui tu vois que je puisse me croire encore un peu auprès de toi ; il me semble qu'il y a déjà si longtemps que nous ne nous sommes vues et que nous n'avons causé.

Si M. Soudey n'est pas encore venu à Paris et s'il compte toujours aller voir Mme de [[De Carondelet – de Tarlé – de Milhau (famille)|Tarlé]]<ref>Suzanne de [[De Carondelet – de Tarlé – de Milhau (famille)|Carondelet]], épouse d’Antoine de Tarlé.</ref>, dis-lui que voici au juste son adresse. Maison St Paul, rue Houdan à Sceaux.

Avant de venir à [[Montataire (forges)|Montataire]] j'ai enfin terminé ma tapisserie et j'attends ma chaise toute montée Mercredi ou Jeudi ; comme ma cousine ne s'en doute pas du tout, je jouirai beaucoup de sa surprise.

Adieu, ma chère Isabelle, à bientôt une bonne causerie de toi, je t'en prie, je t'envoie en attendant l'assurance de ma vive amitié et t'embrasse de tout cœur ainsi que Matilde<ref>Louise Matilde [[Pochet, Louis François (1799-1867) et sa famille|Pochet]], petite sœur de Georges.</ref>

Ta cousine et amie

Crol

Voici comment il faut adresser ta lettre, chez Monsieur [[Fröhlich, André (1794-1871) et sa famille|Fröhlich]] aux forges de [[Montataire (forges)|Montataire]] près Creil Oise.

Dis à mon cher Lionel<ref>Lionel Henry [[Latham, Charles (1795-1875) et ses proches|Latham]], jeune frère d’Isabelle.</ref> que j'ai tant parlé de lui à mes petites cousines<ref>Adèle et Marie [[Fröhlich, André (1794-1871) et sa famille|Fröhlich]].</ref> qu'elles ont grande envie de le connaître.

Ne m'oublie pas je te prie auprès de ton père<ref>Charles [[Latham, Charles (1795-1875) et ses proches|Latham]].</ref>, de ta tante [[Gastambide, Adrien Joseph (1808-1880) et sa famille|Gastambide]]<ref>Émilie [[Delaroche, Daniel (1743-1812), son épouse Marie Castanet, leurs enfants Michel, Alphonsine et Etienne François, et leurs proches|Delaroche]], épouse d’Adrien Joseph [[Gastambide, Adrien Joseph (1808-1880) et sa famille|Gastambide]].</ref> et de M<sup>lle</sup> Pilet<ref>Gouvernante chez les [[Mercredi 8 juin 1859|Latham]].</ref>
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==Notes==
<references />
==Notice bibliographique==
D’après l’original
{{Lettre 
      |id=1857-10 
      |sous-titre=Lettre de Caroline Duméril (Montataire) à sa cousine Isabelle Latham (Le Havre) 
      |signataires=Duméril (Caroline – épouse Mertzdorff) 
      |destinataires=Latham (Isabelle – épouse Jung) 
      |date de rédaction=28 septembre 1857 
      |personnes citées=Say (Adrienne – épouse Comte);Carondelet (Suzanne de – épouse de Tarlé);Latham (Charles);Delaroche (Emilie – épouse Gastambide);Duméril (Léon);Pochet (Georges);Pochet (Emile);Pochet (Louis François);Fröhlich (André);Fröhlich (Adèle);Fröhlich (Marie);Vasseur (Eléonore – épouse Fröhlich);Pilet (Mlle);Pochet (Louise Matilde – épouse Rondeaux épouse Talabart);Raoul-Duval (Edgar);Latham (Richard Edmond);Latham (Lionel Henry);Soudey (M.) 
      |lieux cités=Le Havre;Montataire 
      }}