Voir la source de Jeudi 23 et vendredi 24 mars 1865

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__NOTOC__
<span class="letter-subtitle">Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)</span>

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[[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|Vieux-Thann]] Jeudi 6 <sup>h</sup> du soir 23 Mars

Ma chère petite Gla,

Que devenez-vous donc ? il me semble qu’il y a si longtemps que je n’ai reçu de vos nouvelles ? Chaque jour j’aspire après l’arrivée du courrier et ce vilain courrier ne m’apporte que déceptions ! car vos chères lettres sont absentes. Si chacun rentre dans sa conscience, c’est peut-être moi qui suis en &lt;retard&gt;, je n’en sais rien, car avec vous je ne compte jamais mais le fait est que j’ai envie d’avoir de vos nouvelles.

Jamais on a vu un hiver comme celui-ci ; la gelée est arrivée en automne et persiste malgré le printemps, car l’almanach nous dit que depuis le 21 nous sommes dans cette délicieuse saison tant chantée des poètes. Le 21 nous avions 9 degrés au-dessous de zéro ; le 22 : 7 au-d<sup>essous</sup> ; 23, 6 au-d<sup>essous</sup> de 0 toujours avec accompagnement de neige ; enfin ça va en diminuant et p<sup>our</sup> Pâques le soleil brillera p<sup>our</sup> ton entrée au [[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|Vieux-Thann]]. Je me réjouis tellement de t’avoir qu’il me semble que ça n’arrivera jamais. La semaine prochaine je voudrais faire faire la lessive du linge de cuisine, puis laver les rideaux de notre chambre enfin rendre notre maison digne des chers hôtes que j’attends mais il fait encore si froid que je n’ose faire enlever les tapis, les poêles et les doubles fenêtres, enfin le temps portera conseil.

Je crains que maman<ref>Jeanne [[Target, Jeanne (1805-1882) et ses proches|Target]], épouse de Jules [[Desnoyers, Jules (1800-1887) et ses descendants|Desnoyers]].</ref> ne se fatigue trop avec [[Montmorency|Montmorency]], veille bien à ce qu’elle ne fasse pas d’imprudence.

Vendredi midi

Pas de nouvelle encore aujourd’hui. Je ne sais pourquoi ça me tourmente un peu. Depuis 3 jours chacun se propose toujours p<sup>our</sup> m’apporter le courrier si attendu et puis il faut que je me résigne, Paris est absent.

Tu devines que par cet épouvantable temps les enfants<ref>Marie et Emilie (Founi) [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]], filles de Charles.</ref> et moi ne sortons pas. Depuis 15 jours je passe la plus g<sup>rande</sup> partie de mon temps auprès de maman [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]]<ref>Marie Anne [[Heuchel, Georges (1804-1890) et sa famille|Heuchel]], veuve de Pierre [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]], et mère de Charles.</ref> ; je lui lis un peu, il s’ensuit que les leçons aux enfants ont été un peu négligées, sauf la lecture à Founi, parce que les progrès sont trop rapides p<sup>our</sup> ne pas l’aider à lire tout à fait p<sup>our</sup> l’arrivée de tante Agla.

La Misère commence à être bien grande avec le travail qui diminue partout et l’hiver si rigoureux. Ce qui est p<sup>our</sup> moi une véritable désolation c’est de ne pouvoir me faire entendre des gens du pays parce que ne pouvant parler moi-même je ne puis pas faire le bien comme je le voudrais ; dans les écoles les enfants apprennent le français mais ils n’ont pas une g<sup>rande</sup> habitude de s’exprimer et le plus souvent ne répondent que par un petit sourire de satisfaction. Enfin, je fais des thèmes et je lis avec Charles<ref>Charles [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]], époux d’Eugénie [[Desnoyers, Jules (1800-1887) et ses descendants|Desnoyers]].</ref> qui met une complaisance et une bonne humeur à me donner mes leçons ce qui m’encourage à continuer ; cependant ça doit être bien ennuyeux pour lui.

Hier nous avons eu la visite de M<sup>me</sup> [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]]<ref>Félicité [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]], épouse de Louis Daniel Constant [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]].</ref>, ce qui nous fait plaisir à tous ; il y avait bien longtemps que nous ne l’avions vue, et elle est si bonne p<sup>our</sup> nous tous que nous lui rendons réellement son affection. Les enfants lui font une fête qui doit lui être bien douce.

Léon<ref>Léon [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]], fils de Félicité et Louis Daniel Constant.</ref> va bien et elle pense partir p<sup>our</sup> paris à la fin de la semaine prochaine, si le rhume de M. [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]] n’augmente pas.

<u>2 </u><u><sup>h</sup></u> La neige cesse, le soleil brille, j’en profite p<sup>our</sup> faire sortir les enfants, Charles va à Cernay. Je viens de me caparaçonner p<sup>our</sup> sortir. Voilà une voiture, il faut que je voie si cette visite viendra jusqu’ici. Bonne-maman [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]] est levée, bientôt elle sera remise, mais elle a été bien malade. Dimanche dernier j’ai réuni les enfants<ref>Possiblement les petites [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]] et leurs amies les petites [[Berger, Louis (1829-1898)|Berger]].</ref>, on a joué, tiré en loterie q<sup>uelques</sup> objets de l’arbre de Noël puis on a dansé, goûté &amp;&amp;

2 h 1/2 La visite part, cousin de Cernay que je ne connaissais pas, visite de &lt; &gt; reçu à moi toute seule, mais discrètement p<sup>our</sup> eux comme p<sup>our</sup> moi, il ne sont restés que 5 m<sup>inutes</sup>.

Tu es toujours dans tes g<sup>randes</sup> réceptions, jusqu’à quand ça va durer ? M<sup>me</sup> [[Clavery, Paul (1832-1915) et sa famille|Clavery]]<ref>Amica Le Roy de Lisa, veuve d’Amédée [[Clavery, Paul (1832-1915) et sa famille|Clavery]].</ref> va-t-elle mieux ? et M. [[Buffet, Louis Joseph (1818-1898) et ses proches|Buffet]], les [[La presse|journaux]] lui promettaient des honneurs. Julien<ref>Julien [[Desnoyers, Jules (1800-1887) et ses descendants|Desnoyers]], jeune frère d’Eugénie et Aglaé.</ref> devrait bien venir avec vous. J’espère que tu vas bien.

Adieu, Ma Chérie, je t’embrasse comme je t’aime, ce n’est pas peu dire. Je te charge d’en faire autant à maman, à papa<ref>Jules [[Desnoyers, Jules (1800-1887) et ses descendants|Desnoyers]], père de Julien et Alfred.</ref>, aux frères et de croire à toute l’affection de nous quatre.

Eug. M.

Je ne sais qu’est-ce qui se réjouit le plus ici de voir tante Agla et oncle Alph<sup>onse</sup><ref>Alphonse [[Milne-Edwards, Alphonse (1835-1900), son père Henri, leurs proches et descendants|Milne-Edwards]], époux d’Aglaé.</ref>

Mille amitiés et compliments à Cécile<ref>Cécile [[Milne-Edwards, Alphonse (1835-1900), son père Henri, leurs proches et descendants|Milne-Edwards]], épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste [[Dumas, Ernest Charles Jean Baptiste (1827-1890) et ses descendants|Dumas]] et sœur d’Alphonse.</ref> et à Louise<ref>Louise [[Milne-Edwards, Alphonse (1835-1900), son père Henri, leurs proches et descendants|Milne-Edwards]], épouse de Daniel [[Pavet de Courteille, Daniel (1828-1870) et ses proches|Pavet de Courteille]] et sœur d’Alphonse.</ref> quand tu leur écriras, et auprès de M. [[Milne-Edwards, Alphonse (1835-1900), son père Henri, leurs proches et descendants|Edwards]]<ref>Henri [[Milne-Edwards, Alphonse (1835-1900), son père Henri, leurs proches et descendants|Milne-Edwards]], père d’Alphonse.</ref> j’espère que tu te charges de ne pas nous faire passer &lt; &gt;.
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==Notes==
<references />
==Notice bibliographique==
D’après l’original
{{Lettre 
      |id=1865-08 
      |sous-titre=Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) 
      |signataires=Desnoyers (Eugénie – épouse Mertzdorff) 
      |destinataires=Desnoyers (Aglaé – épouse Milne-Edwards) 
      |date de rédaction=24 mars 1865 
      |personnes citées=Duméril (Léon);Duméril (Louis Daniel Constant);Duméril (Félicité – épouse Duméril);Desnoyers (Julien);Desnoyers (Jules);Target (Jeanne – épouse Desnoyers);Desnoyers (Alfred);Milne-Edwards (Alphonse);Mertzdorff (Charles);Mertzdorff (Marie – épouse de Fréville);Mertzdorff (Emilie – épouse Froissart);Heuchel (Marie Anne – épouse Mertzdorff);Milne-Edwards (Henri);Milne-Edwards (Louise – épouse Pavet de Courteille);Milne-Edwards (Cécile – épouse Dumas);Le Roy de Lisa (Amica – épouse Clavery);Buffet (Louis Joseph) 
      |lieux cités=Paris;Vieux-Thann 
      }}