Voir la source de Dimanche 14 et lundi 15 juillet 1918

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__NOTOC__

<span class="letter-subtitle">Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Ecuelles) à son fils Louis Froissart (mobilisé)</span>

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14 Juillet 18

Mon cher Louis,

Je ne sais où tu fêtes le 14 Juillet ? moi, je suis venue le passer à [[Ecuelles (Seine-et-Marne)|Ecuelles]]<ref>Chez les [[Colmet Daâge, Guy (1880-1968) et son épouse Madeleine Froissart|Colmet Daâge]].</ref> dans un calme délicieux qui me paraît très reposant. Non pas que Paris soit agité, tant s’en faut ! il est plutôt trop calme, mais j’ai trouvé moyen de m’y agiter passablement et un peu de délassement fait du bien. La nouvelle du jour qui est un événement de famille, c’est que la maison de Bègles, autrement dit [[Le Bourdieu (à Bègles en Gironde)|le Bourdieu]], est définitivement à nous !

Henri<ref>Henri [[Degroote, Henri (1879-1940) et ses proches|Degroote]].</ref> était allé là-bas chercher un nouveau gîte avec ton papa<ref>Damas [[Froissart, Damas (1852-1923), ses proches et sa famille|Froissart]].</ref> qui hésitait entre plusieurs et tout d’un coup les choses se sont arrangées de la façon la plus commode, car [[Le Bourdieu (à Bègles en Gironde)|le Bourdieu]] est bien plus près de Bordeaux que toutes les autres solutions entrevues. Hippolyte et Bertha<ref>Hippolyte et Bertha, [[Les employé-e-s de maison|employés]] par les [[Degroote, Henri (1879-1940) et ses proches|Degroote]].</ref> y ont été immédiatement expédiés pour occuper les lieux. Lucie<ref>Lucie [[Froissart, Damas (1852-1923), ses proches et sa famille|Froissart]], épouse de Henri [[Degroote, Henri (1879-1940) et ses proches|Degroote]] (elle est enceinte).</ref> va se transporter avec les enfants<ref>Anne Marie, Georges, Geneviève et Odile [[Degroote, Henri (1879-1940) et ses proches|Degroote]].</ref> Mercredi, malheureusement, il faut que les places soient occupées depuis Paris de sorte qu’ils seront obligés de revenir de [[Nogent-le-Rotrou et Launay (L’Aunay d’en-Bas)|Nogent]] à Paris et changer de train à Montparnasse pour prendre l’express de Bordeaux. J’espère que nous pourrons cependant nous arranger pour que Lucie ne monte dans le train qu’à Chartres.

Je n’en finirais pas si je te disais toutes les démarches qu’a faites ton pauvre papa et les industries auxquelles il a eu recours pour arriver à faire réquisitionner une autre maison<ref>Probablement : une autre maison que [[Campagne-lès-Hesdin et ses environs|Campagne-lès-Hesdin]].</ref> et pourvoir les Américains de tout ce qui y manquait en literie et linge ; et tous les déboires, tous les ennuis qu’il a eus depuis 3 semaines. On en remplirait un volume ! Le succès final est vraiment le triomphe de la persévérance.

J’ai trouvé ici des nouvelles de toi. Patrice<ref>Patrice [[Colmet Daâge, Guy (1880-1968) et son épouse Madeleine Froissart|Colmet Daâge]] (6 ans), neveu de Louis [[Froissart, Damas (1852-1923), ses proches et sa famille|Froissart]].</ref> enchanté de ta lettre me l’a communiquée comme Made<ref>Madeleine [[Froissart, Damas (1852-1923), ses proches et sa famille|Froissart]], épouse de Guy [[Colmet Daâge, Guy (1880-1968) et son épouse Madeleine Froissart|Colmet Daâge]].</ref> la sienne. On parle du cheval « Pharmacien » et d’oncle Louis qui joue tout le temps au soldat. Toute la famille part pour S<sup>aint</sup>-Pair (près Granville) après-demain, pour passer 15 jours chez M<sup>me</sup> Pierre [[Colmet Daâge, Guy (1880-1968) et son épouse Madeleine Froissart|Colmet Daâge]]<ref>Armandine Calongne, veuve de Pierre [[Colmet Daâge, Guy (1880-1968) et son épouse Madeleine Froissart|Colmet Daâge]].</ref>.

Guy<ref>Guy [[Colmet Daâge, Guy (1880-1968) et son épouse Madeleine Froissart|Colmet Daâge]].</ref> est encore très fatigué de sa grippe qui comportait de l’embarras gastrique. Je pense bien que c’est cela aussi qu’a eu Michel<ref>Michel [[Froissart, Damas (1852-1923), ses proches et sa famille|Froissart]], frère de Louis.</ref> et dont il reste également fatigué tout en ayant repris sa vie active. Pierre<ref>Pierre  [[Froissart, Damas (1852-1923), ses proches et sa famille|Froissart]], frère de Louis.</ref> est passé à l’EM de l’Art<sup>illerie</sup> du CA<ref>EM : Etat-Major ; CA : corps d’Armée.</ref>. Le s<sup>ecteur</sup> p<sup>ostal</sup> reste 89. Je pense qu’il est furieux.

J’ai une ennuyeuse nouvelle à t’apprendre : munie des renseignements que ton papa m’a donnés au sujet de ton révolver, je suis allée chez Gastinne R.<ref>L’armurier [[Gastinne Renette (Maison)|Gastinne Renette]].</ref> mais une circulaire minist<sup>érielle</sup> du 3 Juillet interdit la vente d’aucune arme à qui que ce soit et les militaires, y est-il dit, doivent se munir exclusivement des armes règlementaires qui leur sont données. J’étais bien vexée de devoir repartir Gros Jean comme devant et de ne pouvoir, à cause de q<sup>uelques</sup> jours de retard, satisfaire ton désir. On donne à cette circulaire une explication qui la justifie bien, mais qu’il est peut-être difficile de te communiquer par lettre.

Je termine cette lettre Lundi matin entre Moret (où le train est arrivé avec 2 h<sup>eures</sup> de retard) et Paris. Heureusement que je n’ai invité personne à déjeuner.

Nous avons fait hier une jolie promenade dans la « voiture de [Mignon] » avec Patrice et B.<ref>Patrice et Bernard [[Colmet Daâge, Guy (1880-1968) et son épouse Madeleine Froissart|Colmet Daâge]].</ref> ravis. J’étais heureuse de voir et de sentir le blé mûr.

Je t’embrasse tendrement, mon petit et t’envoie les amitiés de tous ceux qui ont su hier que je t’écrivais.

Emy
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==Notes==
<references />
==Notice bibliographique==
D’après l’original
{{Lettre 
      |id=1918-085 
      |sous-titre=Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Ecuelles) à son fils Louis Froissart (mobilisé) 
      |signataires=Mertzdorff (Emilie – épouse Froissart) 
      |destinataires=Froissart (Louis) 
      |date de rédaction=15 juillet 1918 
      |personnes citées=Colmet Daâge (Guy);Froissart (Madeleine – épouse Colmet Daâge);Froissart (Damas);Froissart (Michel);Froissart (Pierre);Froissart (Lucie – épouse Degroote);Degroote (Henri);Degroote (Anne Marie);Degroote (Georges);Degroote (Geneviève);Colmet Daâge (Bernard);Colmet Daâge (Patrice);Degroote (Odile);? (Bertha) domestique chez les Degroote;? (Hippolyte), domestique chez les Degroote;Gastinne Renette (M.);Calongne (Armandine – épouse Colmet Daâge) 
      |lieux cités=x-secteur postal;Ecuelles 
      }}