1789-1871 - La Garde nationale
A Paris aussi bien qu’en province (Rouen), la Garde nationale est mentionnée dans les lettres de la famille Duméril jusqu’au début des années 1830 ; puis de nouveau lors de la guerre de 1870.
Elle se forme aux premiers jours de la Révolution. La toute nouvelle Assemblée Constituante, née le 9 juillet 1789 de la réunion des Etats Généraux, est menacée. Les électeurs du Tiers de Paris constituent, le 13 juillet, un Comité permanent qui décide d’organiser une milice bourgeoise pour défendre Paris à la fois contre les troupes envoyées par le roi et contre les pillards. En quelques heures, 12 000 citoyens sont réunis. Cette milice parisienne est commandée par Lafayette. Au niveau national, l’Assemblée Constituante, en 1790, en exclut les citoyens passifs, ceux qui paient peu d’impôts (moins de 3 journées de travail), soit 3 millions d’hommes. Les gardes nationales se recrutent parmi les citoyens actifs, les 4 millions d’hommes qui ont le droit de vote ; ils s’équipent à leurs frais (habit indigo à poignets garance, plastron blanc) et élisent leurs chefs. Les fêtes du 14 juillet 1790 attestent du succès de ces milices locales, les gardes nationales fédérées pour « défendre la chose publique ».
Après la fuite du roi (juin 1791), l’Assemblée Constituante mobilise les gardes nationaux des départements frontières et ordonne la levée de 100 000 volontaires dans les autres régions pour renforcer l’armée. Les gardes nationales sont des institutions civiles, et se sont les municipalités, les administrations des districts et des départements qui doivent recruter, organiser et encadrer les volontaires.
La garde nationale est maintenue par la loi du 28 prairial an III (16 juin 1795) puis par la constitution de l’an VIII ; mais en 1805, elle n’existe plus que sur le papier. Napoléon ordonne sa reconstitution, se réservant le choix des officiers. En réalité, seules quelques compagnies d’élite et des gardes d’honneur sont mises en place, restant pendant quelques années aux marges du système militaire impérial. A la fin de l’Empire cependant, et pendant les Cent-Jours, le besoin de soldats amène à verser une partie de la Garde nationale dans l’armée active.
Sous Louis XVIII la milice bourgeoise parisienne, épurée, docile, mise sous le commandement du comte d’Artois, reste fidèle aux idées libérales. Elle est dissoute par Charles X en 1827 – mais pas désarmée. Elle est rétablie en 1830, pendant les Trois Glorieuses. La loi du 22 mars 1831 définit dans son article I son nouveau statut : « La Garde nationale est instituée pour défendre la royauté constitutionnelle, la charte, et les droits qu’elle a consacrés ; pour maintenir l’obéissance aux lois, conserver ou rétablir l’ordre et la paix publique, seconder l’armée de ligne dans la défense des frontières et des côtes, assurer l’indépendance de la France et l’intégrité de son territoire. » La garde nationale est placée sous l’autorité du ministre de l’Intérieur, des préfets et des maires. Chaque commune a sa garde, composée d’hommes âgés de 20 à 60 ans. Elle élit ses officiers et sous-officiers, mais les officiers généraux sont nommés par le roi sur une liste de candidats élus.
La proclamation de la République divise la Garde nationale, où les ouvriers s’inscrivent en nombre. La loi de 1851 l’ouvre à tous (sauf aux militaires et aux ministres des cultes). Les gardes nationales sont supprimées en 1871, rendues inutiles par le service militaire universel.
Pour citer cette page
« 1789-1871 - La Garde nationale », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), URI: https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=1789-1871_-_La_Garde_nationale&oldid=31229 (accédée le 5 novembre 2024).
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