Mercredi 2 novembre 1881

De Une correspondance familiale

Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff et son gendre Marcel de Fréville (Paris)


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Vieux-Thann 2 9bre 81.

Mes bien chers enfants c’est avec bien de la joie que j’ai reçu la bonne lettre de Marie, j’ai écrit à Émilie[1] hier & espère bien que ma lettre lui sera arrivée ce matin ; elle te l’aura sans doute communiquée & vous voyez que moi aussi ai fait bon voyage.

Ce matin nos bons parents[2] nous ont quitté & seront ce soir à Paris. ils avaient prié leur parent Comte[3] de leur assurer une chambre dans l’un des hôtels du voisinage de leur nouvel appartement[4] mais il a cherché sans succès & n’ayant rien trouvé de libre il a engagé nos parents à descendre chez lui ; ayant préparé une chambre les attendant ils vont y passer cette nuit, mais comme c’est excessivement loin de leur quartier ils pensent prendre gîte chez vous, & sans doute vous aurez le plaisir de les voir avant le reçu de la présente.

Ma lettre à Émilie lui disait que la pauvre petite Hélène[5] était malade, malheureusement elle est plus sérieusement malade que ne le dit ma lettre.

C’est bien une fièvre typhoïde que notre docteur[6] combat par l’eau froide, depuis 3 mois environ Disqué a traité 17 cas de cette affreuse maladie par ce même traitement sans perdre aucun de ses malades, espérons qu’il réussira de même pour la pauvre petite fille qui est déjà si nerveuse & si délicate, cependant ne le [dissimulons] pas c’est très grave.

Hier le Docteur est venu 5 fois. l’on a essayé les draps mouillés, mais vers 10 h du soir ne réussissant pas complètement par ce moyen, l’on a été forcé de la baigner dans de l’Eau tiède. C’est le thermomètre qui guide, ce bain lui a procuré une bonne nuit relativement, en ce moment 10h le Docteur est pour la 2e fois aujourd’hui auprès de la petite pour lui faire prendre un nouveau bain pour tâcher d’abaisser la température qui est à 40° à 38° & moins si possible.

C’est dans ces conditions que les chers grands-parents nous ont quittés, tu comprends quelle douleur pour la pauvre grand-mère de quitter sa petite-fille.

Ce sont nos sœurs de Vieux-Thann qui aident jour & nuit, elles ont le temps car en ce moment il n’y a pas de malade au village, le dernier cas de cette fièvre est la fille de Veuve Kohler[7] notre laitière, qui est convalescente. tous ses trois enfants y ont passés.

Mais bonne-maman qui vient de quitter vous donnera tous les détails de tous nos affreux tourments & je pense écrire souvent pour les tenir au courant de la marche de la maladie

Tu comprends quelles tristes journées nous passons.

le docteur désirait pour ne pas avoir toute la responsabilité, de même Léon[8], une consultation. l’on a télégraph hier soir & je pense qu’aujourd’hui ou au plus tard demain un Médecin du choix de Disqué viendra de Strasbourg, il espère avoir le médecin de la clinique des Enfants de Hôpital de Strasbourg.

Il espère le voir arriver ce soir 5 h pour rentrer par le dernier train de 9 h. Comme nos chers parents seront auprès de vous, c’est à toi ma chère Marie que j’écrirai demain pour vous tenir tous au courant.

tout à vous

ChsMff

je suis pressé M. le curé[9] veut venir me voir ce matin & j’aimerais le prévenir en allant chez lui

le bain est pris, c’est toujours un remède bien pénible & l’enfant se débat & crie beaucoup. Après le bain le Docteur a constaté 36°. il est satisfait


Notes

  1. Émilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  2. Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
  3. Probablement Adolphe Comte.
  4. Rue des Fossés-Saint-Jacques.
  5. Hélène Duméril.
  6. Le docteur Louis Disqué.
  7. Possiblement Christine Augustin, veuve Kohler.
  8. Léon Duméril, père de la petite malade.
  9. Joseph Dietrich ? (ou Louis Oesterlé ?).

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Mercredi 2 novembre 1881. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff et son gendre Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_2_novembre_1881&oldid=42587 (accédée le 10 mai 2024).

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