Mardi 8 novembre 1881 (B)

De Une correspondance familiale

Lettre d’Émilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


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8 Novembre 1881

Que tes deux dernières lettres nous ont fait de bien mon Père chéri ! le mieux se continue donc et s’accentue de plus en plus. Cependant le traitement est encore bien énergique et la pauvre petite chérie[1] n’est pas délivrée de ces bains froids qui doivent lui être si pénibles. La présence de M. Stackler[2] a dû bien soulager oncle Léon et tante Marie[3] et l’approbation qu’il donne aux soins du médecin[4] est encore une garantie de plus. Il me semble, mon bon père, que tu dois être plus content que jamais d’avoir fait venir un médecin à Vieux-Thann ; vois-tu Hélène confiée ou plutôt livrée à la vieille routine de M. Bornèque[5] qui n’aurait peut-être voulu admettre aucune opinion étrangère et aucun conseil, tandis qu’elle est soignée dans la perfection. Les sœurs sont arrivées bien à propos aussi, et c’est à toi, papa chéri, qu’on devra tout cela.

Je peux te donner de bonnes nouvelles de tout le monde. Je n’ai pas vu Marie[6] depuis Samedi, mais tante[7] a été la prendre chez elle hier pour aller ensemble au Bon Marché acheter différentes choses pour Jeanne[8], et elle a trouvé tout le monde très bien. Bon-papa et bonne-maman[9] sont toujours plongés dans leur déménagement et ne savent pas encore quand ils pourront en sortir ; heureusement qu’ils sont bien chez Marie[10] et qu’ils pourront ainsi prendre tout leur temps. Ils doivent venir dîner ici demain Mercredi.

Tante Louise[11] est partie de matin pour Mesnières et Marthe[12] est arrivée après son cours. Me voilà en bien bonne compagnie jusqu’à Samedi. Hier j’ai eu ma 1e séance chez M. Flandrin[13]. Nous n’étions encore que 4 aussi n’avions-nous pas de modèle vivant. J’ai repris mon dessin avec bien du plaisir car cela m’amuse beaucoup quoique je n’aie pas eu l’air d’y mettre beaucoup d’empressement cet été. Je vois bien que tu te moques de moi, changeons de sujet.

En sortant de chez M. Flandrin nous avons été chez Mme Brouardel[14] qui nous a fait visiter son somptueux appartement du boulevard Saint-Germain, elle a l’air toute intimidée de tant de splendeurs.

Ce matin nous avons passé tout notre temps à ranger le grenier. Heureusement c’est fini. J’espère que tante ne verra pas ce mot là ! Elle trouve que ces occupations de bonne ménagère devraient m’amuser mais c’est au-dessus de mes forces. Je range parce qu’il faut bien ranger, mais quant à y trouver mon plaisir, c’est impossible. Du reste je n’ai jamais eu grand enthousiasme pour ce genre de travail. te rappelles-tu les rangements de l’armoire à joujoux ?

Adieu mon Papa chéri, je t’embrasse de tout mon cœur, aussi fort que je t’aime.

Ta fille

Émilie


Notes

  1. Hélène Duméril, atteinte de fièvre typhoïde.
  2. Henri Stackler, médecin, oncle de la petite malade.
  3. Léon Duméril et son épouse Marie Stackler, parents d’Hélène.
  4. Le docteur Louis Disqué.
  5. Pierre Léon Bornèque, médecin à Thann.
  6. Marie Mertzdorff-de Fréville, sœur d’Émilie.
  7. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  8. Jeanne de Fréville, fille de Marie.
  9. Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril ont quitté Vieux-Thann pour Paris.
  10. Rue Cassette.
  11. Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
  12. Marthe Pavet de Courteille.
  13. Le peintre Paul Flandrin.
  14. Élisabeth Coudray, veuve de Pierre Brouardel.


Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Mardi 8 novembre 1881 (B). Lettre d’Émilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_8_novembre_1881_(B)&oldid=41056 (accédée le 9 mai 2024).

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