Lundi 24 juillet 1871

De Une correspondance familiale


Lettre de Marie Mertzdorff (Montmorency) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann), complétée par Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff


Montmorency juillet 1871 Lundi 24[1]

Mon cher papa,

C'est moi qui t'écris aujourd'hui car Mme Dumas[2] est ici. Je n'ai absolument rien à t'apprendre de nouveau si ce n'est que nous allons bien et nous réjouissons bien de te revoir car il y a si longtemps que nous n'avons plus eu le bonheur de nous embrasser. Mais d'un autre côté bonne-maman[3] est bien triste de notre départ. Demain nous devons retourner à Paris chez le dentiste[4] et j'espère bien que ce sera la dernière fois.

Aujourd'hui nous avons cueilli des groseilles tante[5] et bonne-maman y sont encore nous sommes rentrées chassées par la pluie. Oncle Alfred[6] est parti ce matin. Je suis installée sur une table qui est totalement envahie par les poupées de Jean[7] et d'Emilie[8] et je suis dérangée au possible par leur baragouinage autrement insupportable babil cependant je préfère être là que dans la chambre de bonne-maman où on cause aussi, mais politique et non poupées.

Je ne sais réellement que te dire et depuis que j'ai en perspective ton arrivée prochaine je n'ai plus le courage d'écrire. Je ne peux décidément plus y tenir. Adieu cher père pardonne-moi mon petit griffonnage je ne peux décidément plus

ta petite fille qui t'aime

Marie Mertzdorff

2 ½     

Quoique sous la même impression que ma petite fille c'est à dire la bonne espérance de te voir bientôt, je veux cependant t'écrire quelques lignes, ce seront les dernières avant ton arrivée.   

Nous allons tous bien, car je ne parle pas de petites coliques qu'Emilie a eu en déjeunant, cela ne l'empêche pas de bien jouer maintenant.   

Maman[9] a un peu mal à la gorge, mais elle est déjà mieux cette après midi.   

Papa'[10] est resté avec nous. Demain j'irai à Paris comme je te l'ai déjà écrit et je n'y retournerai plus jusqu'à ton arrivée. Ne sachant pas l'heure à laquelle le train de Belfort est à Paris, c'est à Montmorency que nous t'attendrons. Ta lettre a fait naître un oh ! de tout le monde en annonçant les conséquences de ton arrivée qui fait cependant plaisir. Car je ne te dissimulerai pas que les fillettes et moi avons souri à la pensée que bientôt nous t'embrasserons.   

Merci pour tout ce que tu fais pour toute chose y compris la cabine de bain et l'arrangement de la cuisine.   

Mille amitiés de tout mon bon entourage pour toi  

toute à toi   

EM.    

De bonnes amitiés à Morschwiller[11] et aux Heuchel[12].   

Le bonjour à Nanette et Thérèse[13]


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
  3. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
  4. E. Pillette.
  5. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  6. Alfred Desnoyers.
  7. Jean Dumas.
  8. Emilie Mertzdorff.
  9. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
  10. Jules Desnoyers.
  11. Morschwiller où vivent Félicité Duméril et son époux Louis Daniel Constant Duméril.
  12. Georges Heuchel et son épouse Elisabeth Schirmer.
  13. Annette et Thérèse Neeff, domestiques chez les Mertzdorff.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Lundi 24 juillet 1871. Lettre de Marie Mertzdorff (Montmorency) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann), complétée par Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_24_juillet_1871&oldid=51607 (accédée le 10 mai 2024).

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