Dimanche 17 juillet 1887

De Une correspondance familiale

Lettre d'Henri Delaroche (Le Havre), à son cousin Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann)


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Havre 17 Juillet 1887[1]

Mon cher Constant,

J’ai été bien douloureusement affecté en apprenant la mot de votre excellente amie, Madame Milne-Edwards[2] et je compatis du fond du cœur à votre chagrin et à celui de vos petites-filles[3]. Quelle immense & cruelle perte pour elles qui trouvaient auprès de cette charmante femme, si distinguée et encore dans la force de l’âge une affection si éclairée et si maternelle ! et pour vous, mes chers amis, quelle pénible séparation ! qu’il est triste de voir ainsi se rompre des liens si doux et d’une manière si complètement inattendue ! C’est une nouvelle et dure épreuve à ajouter à toutes celles que vous avez éprouvées traversées mais que vous saurez, j’en suis sûr, supporter avec courage et résignation.

Léon et sa femme[4] doivent aussi être bien affligés. x (x Je n’ai pas besoin de te dire combien je plains le pauvre M. Alphonse Milne-Edwards & M. Desnoyers[5].)

Recevez tous l’expression de la profonde sympathie de vos parents du Havre et, en particulier, de la mienne & de celle de mes enfants[6] qui me chargent d’être leur interprète auprès de vous.

Cela aura été une grande douceur pour vos deux petites-filles d’avoir pu prodiguer leurs soins à Madame Edwards jusqu’à ses derniers moments.

Je vois avec plaisir que votre belle-fille[7] est de retour à Vieux-Thann. J’espère qu’elle ressentira tous les bons effets qu’elle doit attendre de cette longue cure qu’elle a été faire à Strasbourg.

J’aurais dû t’écrire, déjà depuis quelque temps, d’abord pour te remercier ainsi que Félicité[8] de la bonne & affectueuse lettre que vous m’avez adressée le 25 du mois dernier, puis, pour vous annoncer le très heureux accouchement de Gabrielle[9] qui, le 7 de ce mois, m’a donné une troisième petite-fille de Heyder. Les choses se sont passées très rapidement, c’est-à-dire dans l’espace de ¾ d’heure, juste le temps de faire venir notre médecin & ami le Docteur Gibert[10]. Gabrielle est en train de se très bien rétablir. Elle n’a que le regret de n’avoir pu réussir à nourrir, malgré tout le désir qu’elle en avait. Elle a pu heureusement faire venir une bonne nourrice bourguignonne. La nouvelle petite venue qui se nomme Anne est très forte et bien constituée.

Une autre nouvelle que j’ai à vous donner & à laquelle vous ne vous attendez certainement guère, c’est celle du mariage d’Émile Pochet avec une veuve de 38 ans Madame Rodriguez qui a habité le Havre dans ces dernières années lorsque son mari était Consul d’Espagne. Ils [voyaient] beaucoup les Alfred Pochet[11]. Madame Rodriguez est une française, catholique très sociable et jolie femme et fort bonne personne, mais sans fortune. De plus, elle a deux enfants, une fillette d’une quinzaine d’années et un garçon plus jeune. Émile est très satisfait et fort épris.

Adieu, mon cher Constant. Reçois avec Félicité et les Léon mille bonnes amitiés de chacun de nous.

Ton affectionné cousin,

H. Delaroche

Le mariage d’Émile ne doit avoir lieu que vers la fin de l’année.


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Aglaé Desnoyers, épouse d'Alphonse Milne-Edwards, décédée le 10 juillet.
  3. Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville, et sa sœur Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart.
  4. Léon Duméril et son épouse Marie Stackler (« les Léon »).
  5. Jules Desnoyers, père d'Aglaé.
  6. Raoul Delaroche, époux de Julie Iselin ; Marie Delaroche épouse de Jules Émile Roederer ; Gabrielle Delaroche, épouse de Karl von Heyder.
  7. Marie Stackler-Duméril, qui se soignait à la clinique de la Toussaint à Strasbourg.
  8. Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
  9. Gabrielle Delaroche-von Heyder, mère d'Odette et Yvonne Amélie vient d'accoucher d'Anne de Heyder.
  10. Le docteur Joseph Gibert.
  11. Alfred Pochet et son épouse Rosita Basañez.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Dimanche 17 juillet 1887. Lettre d'Henri Delaroche (Le Havre), à son cousin Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_17_juillet_1887&oldid=57721 (accédée le 10 mai 2024).

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