Voir la source de Alsace : Les propriétés et entreprises de Charles Mertzdorff et de ses successeurs




Dans les lettres familiales, il est fait allusion, parfois, à la marche des affaires de Charles [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]]. D’autre part, certaines de ses propriétés sont mentionnées : l’établissement de Morschwiller que gère Louis Daniel Constant [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]], beau-père de Charles [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]], ou bien « la ferme » et « le moulin », où l’on va en promenade.<br />
A partir de 1877 les anciens établissements [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]] évoluent et des sociétés successives assurent la production (voir les [[1877-1889-1904 – Extraits des Statuts de la Société en commandite Duméril, Jaeglé et Cie|extraits des statuts]] de la Société en commandite [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]], [[Jaeglé, Frédéric Eugène (1833-1906), son fils Georges et leurs proches|Jaeglé]] et Cie ainsi que la copie de l’[[1917 – Copie de l’extrait des Statuts de la Société DJC (17 décembre 1917)|extrait des statuts]] envoyé à Guy de [[Place, Guy de (1874-1928) et sa famille|Place]] le 17 décembre 1917). Les lettres de Guy de [[Place, Guy de (1874-1928) et sa famille|Place]] permettent de suivre la situation pendant la guerre de 1914-1918.

*

En 1813, Frédéric [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]] et son frère Pierre (le père de Charles) venus de Magdebourg, s’installent en Alsace. Après son mariage avec Marie Anne [[Heuchel, Georges (1804-1890) et sa famille|Heuchel]] en 1817, Pierre se fixe à [[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|Vieux-Thann]] et exploite avec son frère un tissage de coton.

De 1818 à 1822, l’entreprise [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]] connaît une période de prospérité. La propriété de [[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|Vieux-Thann]] s’agrandit par l’achat d’un pré le long de la Thur à François Kueneman et à Antoine Schilling. Outre leur usine du [[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|Vieux-Thann]], les industriels exploitent des tissages à Wittelsheim, Burnhaupt-le-haut, [[Wattwiller (les bains)|Wattwiller]], Leimbach, Remiremont, Plancher-les-mines. Ils font aussi travailler les particuliers des villages environnants ou des Vosges, selon les habitudes et les traditions de leurs confrères. Au total, les frères [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]] sont à la tête de 349 métiers à tisser, dont 55 à [[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|Vieux-Thann]]. Différentes maisons où sont entreposés les tissus s’occupent de la vente à la commission. Ces maisons sont au nombre de quatre à [[Mulhouse]], une à Remiremont, une à Thann (Liebach, Scherer et C<sup>ie</sup>), une à Saint-Amarin (Fischbauer), cinq à Paris (Bourgeois et C<sup>ie</sup>, Vautier, Rousseau fils, Hidelhoffer, et Deharvang).

Vers 1830, les frères [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]], tout en conservant la filature et le tissage, installent dans leur usine les machines nécessaires au blanchiment et à l’apprêt du tissu. Le 20 mars 1833, ils s’associent à Pierre Thierry de [[Mulhouse]] pour fonder une société en nom collectif pour la durée de six ans, sous le nom de « Thierry et C<sup>ie</sup> ». Le capital de la Société est de 36 000 F, la part de MM. [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]] est de 24 000, celle de M. Thierry de 12 000. Les frères [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]] acquièrent aussi divers terrains nécessaires au bon développement de l’établissement.

En 1835, cette société s’adjoint pour la vente des tissus Pierre Constantin Barbé, ancien fabricant de toiles peintes, demeurant à Paris. Celui-ci est chargé de prospecter le marché de la mode et de commercialiser les produits ; il réside cinq à six mois par an en Alsace.

La situation économique devenant difficile, Frédéric [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]] se retire en 1836, en laissant ses fonds et sa part aux bénéfices comme aux pertes à son frère Pierre. Frédéric se fixe alors à Paris. Le 1<sup>er</sup> janvier 1837, quatre ans après la fondation de la Société Thierry et C<sup>ie</sup>, le bilan accuse un déficit de 162 000 F. Aussi, le 11 mars, la Société est dissoute. Pierre [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]] se charge de la liquidation et en prend les risques. Il conclut un bail avec Constantin Barbé le 18 juin. Barbé sera seul gérant et [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]] commanditaire.

L’inauguration d’une ligne de chemin de fer entre Thann et [[Mulhouse]], la première d’Alsace, a lieu le 1<sup>er</sup> septembre 1839. Quelques années plus tard, Strasbourg est relié à Bâle. Le développement de liaisons rapides favorise les activités des industriels.

La Statistique de l’Industrie pour le Haut-Rhin, établie en 1841, donne le bilan suivant pour l’entreprise : le blanchissage et l’apprêt de toiles de coton à façon emploient 44 hommes payés 1, 50 F par jour et 30 femmes payées 1 F par jour. La filature de coton emploie 15 hommes payés 2 F, 10 femmes payées 1 F et 10 enfants payés 0, 50 F. La fabrique des tissus imprimés Barbé et C<sup>ie</sup> emploie 150 hommes payés 2, 25 F, 100 femmes payées 1, 25 F et 100 enfants payés 0, 50 F.

Suite à la crise de 1838, les affaires de la fabrique d’indienne de Barbé et C<sup>ie</sup> se dégradent et celui-ci doit cesser son activité en 1842. Pierre [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]] s’engage personnellement et garantit à 50 % les pertes de la fabrique. Il prépare une convention avec Barbé mais ne peut la signer car il meurt brutalement le 13 mars 1843, à 54 ans, d’une fièvre typhoïde. C’est son fils Charles qui la ratifie le 8 avril et qui prend la lourde charge du rétablissement de la société.

*

En février 1856, Charles [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]], considérant que depuis 1843 l’usine a été profondément transformée rachète pour 134 000 F les différents immeubles de la fabrique. La Société [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]] et Frères est alors dissoute et Charles devient sous la raison « Charles [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]] » le seul chef de son établissement. Il y intéresse son oncle Georges [[Heuchel, Georges (1804-1890) et sa famille|Heuchel]] auquel il donne la procuration à partir du 1<sup>er</sup> janvier 1857. Il mène la Société sous sa seule responsabilité jusqu’en 1877 et assure à l’usine de [[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|Vieux-Thann]] un développement important, modifiant considérablement les plans et les machines (voir les lettres du voyage à Manchester en 1860). En 1858 l’usine de Charles Mertzdoff emploie 540 ouvriers et ouvrières.Un accident particulièrement dramatique marque ces transformations : l’explosion d’un appareil à vapeur le 14 août 1863.

Le ''Bulletin de la Société Industrielle de Mulhouse'' publie en septembre 1865 un rapport sur cet accident survenu dans l’usine de [[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|Vieux-Thann]]. Charles [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]] avait fait venir d’Angleterre trois appareils extracteurs des couleurs de bois de teinture, pour sa blanchisserie. Conformément au règlement, la résistance à la pression des appareils est testée le 22 juin 1862 ; les pièces résistent à l’épreuve. L'atelier fonctionne pendant une année environ, sous la direction du chimiste Robert Hennon, venu de Manchester, engagé comme contremaître, et conduit par M. Stern, ouvrier spécialement chargé de ce travail. En juin 1863, des fuites sont détectées et réparées par un chaudronnier de [[Mulhouse]], M. Legay. Le vendredi 14 août 1863, nouveaux incidents. Une discussion s’engage entre l’anglais Hennon et l’ingénieur M. [[Legay, Eustache (né vers 1836)|Legay]] (du même nom que le chaudronnier de [[Mulhouse]]), le premier voulant poursuivre les activités de l’atelier et le second faire réviser l’appareil. C’est à ce moment que l’explosion se produit, l’appareil projeté en l’air emportant la toiture. Les trois personnes présentes, Hennon, [[Legay, Eustache (né vers 1836)|Legay]] et Stern sont gravement brûlées par la vapeur. Un rapport de police (cité par Ludovic Damas Froissart, ''Un industriel alsacien : Charles Mertzdorff'', p. 100) précise le prénom de M. [[Legay, Eustache (né vers 1836)|Legay]] (Eustache) et sa profession (dessinateur), ainsi que celle de M. Stern (manœuvre). Hennon et Stern sont transportés à l’hôpital de Thann, et [[Legay, Eustache (né vers 1836)|Legay]] dans une chambre de l'établissement. Charles [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]], absent au moment de l'accident, est rappelé d'Allemagne par dépêche télégraphique et revient dès le lendemain. Hennon décède le 26 août, [[Legay, Eustache (né vers 1836)|Legay]] et Stern se rétablissent lentement l’un et l’autre. L’accident est déclaré dû 1° à la forme vicieuse de l'appareil ; 2° à la qualité défectueuse du métal ; 3° à l’imprudence de M. Hennon.

Entre 1848 et 1868, période sans inflation, Charles [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]] multiplie par cinq son chiffre d’affaires. La participation à l’[[Expositions universelles (1851, 1855, 1862, 1867, 1878)|Exposition]] de 1867 contribue à la diffusion des produits et à la notoriété de la Société qui ne cesse de s’étendre.

*

Charles [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]] achète en 1860 le moulin de l’Enchenberg, permettant l’extension du blanchiment et la disposition d’une nouvelle chute d’eau. Celle-ci est importante : 3, 90 m, alors que l’usine n’avait en tout que 2, 40 m. Au terme d’un procès-verbal d’adjudication, Charles [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]], pour 85 000 F, devient propriétaire du moulin de l’Enchenberg, sis sur le chemin de Cernay au [[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|Vieux-Thann]]. Cette propriété comprend le moulin proprement dit, un canal, du gravier, des prés, terres, vignes, jardin, sol, maison et foulon. Au printemps 1861, cette extension de l’entreprise de Charles [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]] est confiée à ses beaux-parents Louis Daniel Constant et Félicité [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]].

*

Charles [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]] achète ensuite, le 18 avril 1862, une usine et une partie de ses dépendances à Niedermorschwiller. Niedermorschwiller, qui devient Morschwiller-le-Bas en 1924, est une commune de la banlieue de [[Mulhouse]] (département du Haut-Rhin), distante d’une quinzaine de kilomètres de [[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|Vieux-Thann]]. L’usine, dite « blanchisserie de [[Mulhouse]] » est rachetée à la société commerciale formée par les manufacturiers Frédéric [[Schlumberger, Charles (1798-1861) et apparentés|Schlumberger]] et André Bernard Victor de Lamare-Thouron, au prix de 275 000 F. Cette blanchisserie se compose de bâtiments construits à des époques successives.

*

Parallèlement à cette expansion industrielle, Charles [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]] hérite en 1851 de son oncle le docteur Toussaint [[Heuchel, Georges (1804-1890) et sa famille|Heuchel]], frère de Marie Anne, une ferme dans la plaine de l’Ochsenfeld, à Cernay, appelée le Lutzelhof ou parfois « la ferme du grand Bon Dieu », en raison d’un grand crucifix qui y est placé<ref>Le « Grand Bon Dieu » ornait la chapelle de Birlingen. Lors de l’érection d’un nouvel autel, dans les années 1820, la statue est reléguée au grenier et cédée en 1838 au docteur Toussaint [[Heuchel, Georges (1804-1890) et sa famille|Heuchel]] par le curé Ulmer (d’après J. Depierre, ''Cernay, son passé, son présent'').</ref>. Avec maison d’habitation et dépendances, la propriété couvre 92 hectares. Cette ferme est vendue en 1868 à Alphonse [[Zurcher, Jean Jacques (1783-1850) et ses descendants|Zurcher]] ; elle est ensuite exploitée par Amélie [[Zurcher, Jean Jacques (1783-1850) et ses descendants|Zurcher]] et son frère Albert.

Par ailleurs, Charles [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]] a des intérêts dans les bains de [[Wattwiller (les bains)|Wattwiller]].

*

Après la guerre de 1870, Charles [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]] choisit de rester en Alsace, mais souhaite alléger ses charges d’industriel. Il s’associe avec Frédéric [[Seillière, Frédéric (1838-1899) et ses proches|Seillière]] (1838-1889) et Charles [[Vincent, Charles (1817-1899)|Vincent]] (1817-1899), dont l’entreprise (filature, tissage, blanchisserie) est à [[Senones (entreprise vosgienne de textile)|Senones]], dans les Vosges.

La Société [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]] et Compagnie, créée en 1877 est modifiée en 1890 : elle devient « [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]], [[Jaeglé, Frédéric Eugène (1833-1906), son fils Georges et leurs proches|Jaeglé]] et Compagnie » (D.J.C. dans les lettres de Guy de [[Place, Guy de (1874-1928) et sa famille|Place]]), gérée par Léon [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]] et Eugène [[Jaeglé, Frédéric Eugène (1833-1906), son fils Georges et leurs proches|Jaeglé]]. En 1894 Léon [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]] meurt et il est remplacé par son cousin Georges [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]], revenu ses expériences agricoles en Normandie. En 1904 Eugène [[Jaeglé, Frédéric Eugène (1833-1906), son fils Georges et leurs proches|Jaeglé]] se retire ; sont nommés gérants son fils Georges [[Jaeglé, Frédéric Eugène (1833-1906), son fils Georges et leurs proches|Jaeglé]] et Guy de [[Place, Guy de (1874-1928) et sa famille|Place]], époux d’Hélène [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]] (la fille de Léon [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]]). On pourra consulter un extrait des statuts de la nouvelle société dans les « papiers et documents divers » (Copie de l’extrait des [[1917 – Copie de l’extrait des Statuts de la Société DJC (17 décembre 1917)|Statuts de la Société]] DJC – 17 décembre 1917).

En 1914 et 1915 une partie de l’usine est détruite. Les lettres que Guy de [[Place, Guy de (1874-1928) et sa famille|Place]] adresse à son chargé d’affaires M. [[Meng, Jacques (1856-1928) et sa famille|Meng]] permettent de suivre la gestion de cette situation difficile et la préparation de l’après-guerre. Dès le 1<sup>er</sup> juillet 1919 la production reprend.

L’affaire prend le nom de « Blanchisserie de [[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|Vieux-Thann]] », puis, en 1920 de « Société des Blanchiments d’Alsace » en s’associant avec la maison Schaeffer et Compagnie, de Pfastatt-le-Château, et [[Gros, Aimé (1816-1892), sa famille et ses descendants|Gros]] - [[Roman, Aimé Philippe (1774-1867) et sa famille|Roman]] et Compagnie, de [[Wesserling (industrie du coton)|Wesserling]] ; cette société regroupe les établissements de [[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|Vieux-Thann]], de la Mer Rouge à Dornach, du Breuil à Saint-Amarin.

[D’après ''Un industriel Alsacien : Charles Mertzdorff'', Ludovic Froissart, 1983]
==Notes==
<references />
{{Article 
      |id=1000-01 
      |personnes citées=Duméril (Léon);Duméril (Louis Daniel Constant);Mertzdorff (Charles);Jaeglé (Frédéric Eugène);Duméril (Georges);Jaeglé (Georges);Place (Guy de);Meng (Jacques);Duméril Jaeglé Cie Société  
      |lieux cités= 
      |catégorie=Monographie 
      }}
[[Catégorie:Lieux et vie économique]]